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à partie, dès le 28 au soir, par l’attaque allemande sur les ponts : le général commandant la 35e division a cru devoir arrêter son mouvement pour faire face à l’ennemi et le contenir sur la rivière. Cependant, les autres corps français ont continué de défiler sur la rive gauche de l’Oise pour s’avancer vers Saint-Quentin ; ils se sont, pour ainsi dire, transmis la consigne de ne pas laisser l’ennemi sortir des fonds d’Oise et accéder à la route de Guise Saint-Quentin, qui suit le pied des plateaux du Marlois.

Les Allemands, d’ailleurs, n’ont pas insisté : ils se sont massés, pendant la nuit, au débouché de Guise, entre Flavigny et Audigny. Les éléments attardés sont accourus de La Capelle, Leschelle et Le Nouvion. Ils étaient en ligne sur la rivière, au pied de l’angle formé par la bataille, française, quand le soleil se levait dans le brouillard (de ces brouillards épais de la vallée de l’Oise), le 29 au matin.

La consigne des corps français était : attendre, voir venir, mais rejeter l’ennemi dans la rivière s’il faisait mine de déboucher.

Le général Lanrezac a compris le danger auquel l’expose la manœuvre ennemie : aussi, dès le 28 au soir, il a pris ses dispositions pour être en mesure d’exercer, le cas échéant, une action décisive de ce côté. Il peut disposer d’un corps tout à fait intact, le 1er corps. Changeant l’ordre de marche, il a glissé ce corps entre le 3e et le 10e, de manière qu’il puisse, le cas échéant, frapper à droite ou frapper à gauche ; en un mot, il a consolidé encore la forme angulaire qu’il a adoptée en s’inspirant des circonstances et de l’initiative de l’ennemi.

De telle sorte que, dans la nuit du 28 au 29, le 1er corps, doublant le pas, est en train de s’intercaler juste en face du débouché de Guise, sur les pentes des plateaux ; l’opération demande quelque temps pour être exécutée ; mais, à neuf heures trente, la 1re brigade et un groupe d’artillerie auront atteint Laudifay et pris la liaison avec le 3e corps. Les autres éléments arrivent successivement : la 2e brigade et le 2e groupe d’artillerie divisionnaire à hauteur du chemin de Faucouzy sur la grande route transversale de Vervins à Guise ; la 2e division, plus en arrière de quatre kilomètres, à Housset.

En un mot, par cette belle manœuvre, Lanrezac pare à tout événement : si une fissure se produisait entre les corps qui