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Désespérant de le faire condamner par le tribunal criminel du Bas-Rhin, ils obtinrent de la Constituante qu’on le jugerait à Besançon, contrairement à toute équité, puisque c’était l’enlever à ses juges naturels. Mais on espérait que dans cette ville où commandait un de ses adversaires, Charles de Hesse, bâtard d’un prince allemand et jacobin avéré, l’opinion se dresserait contre lui. A la date du 6 juin 1793, Dietrich écrivit aux membres du Comité de Sûreté générale pour protester contre une nouvelle et fausse imputation. On l’accusait d’avoir fait colporter des pamphlets pour recueillir en sa faveur l’intérêt et les sympathies des Strasbourgeois. C’était une nouvelle calomnie qu’il rejetait sur ses ennemis et persécuteurs[1].

Mme de Dietrich, ayant demandé à partager sa prison, fut écrouée avec lui le 2)3 décembre dans la maison de justice à Besançon. Le malheureux maire de Strasbourg eut deux mois pour préparer sa défense contre l’accusation préparée par Ruhl, et qui portait comme griefs à sa charge :

« 1° Avoir eu une entrevue secrète à Phalsbourg avec La Fayette et comploté avec lui contre la sûreté de la France ;

« 2° Avoir calomnié les citoyens de Strasbourg dans son adresse incendiaire dirigée contre la corporation des Jacobins et envoyée aux principales municipalités du royaume ;…

« 4° Avoir fait placarder à Paris des imprimés à sa louange et dirigés contre le ministre Roland, en le menaçant du courroux et de l’indignation des citoyens de Strasbourg ;

« 5° Avoir interdit les réunions du club du Miroir et mis les scellés sur les livres de ce club ;

« 6° Avoir sollicité l’exil, sans aucune forme de procès, des citoyens Simond, Périgny et Laveau ;

« 7° Avoir fait répandre cette adresse dans tout le royaume pour provoquer la guerre civile ;

« 8° Avoir séduit des milliers de Strasbourgeois en leur faisant signer une adresse à la Législative, où ils protestaient contre la déchéance du Roi, et avoir envoyé cette adresse aux municipalités pour provoquer la guerre civile ;

« 9° Avoir proposé deux adresses qui séparaient Strasbourg du centre de l’union française et législative ;

« 10° Avoir excité la Commune contre les commissaires de

  1. Archives Nationales F7, 4 595.