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Ramskein, et seigneur d’Angeot. — Il parait que l’origine des Dietrich serait plutôt lorraine et qu’au XVIe siècle, celui qui fonda cette famille s’appelait Didier. Il était né à Saint-Nicolas en 1549 et s’était établi à Strasbourg en changeant son nom de Didier contre celui de Dietrich, de forme plus alsacienne. Ce Lorrain, transformé en Alsacien, avait épousé la fille de l’Ammeister Heller. — Grâce à une fortune loyalement acquise, Jean de Dietrich était devenu le particulier le plus riche de la province d’Alsace. A ses titres nobiliaires il avait ajouté de hautes fonctions, comme celles de secrétaire des Suisses et Grisons, de Commissaire général des Mines, Foyers et Hauts Fourneaux de France. Il devint échevin de la Tribu des Drapiers en 1745, membre du grand Sénat de Strasbourg en 1747 et du Comité les XV en 1756 ; puis Ammeister-Régent, comme son bisaïeul Dominique Dietrich et enfin Stattmeister honoraire en 1762. Il eut de Dorothée Hermanni trois fils. Le premier s’appelait Jean comme son père et fut officier de cavalerie au régiment Royal-Alsace ; le second s’appelait Philippe-Frédéric ; c’est celui-là même qui est l’objet de ce travail ; le troisième, Henri, mourut en bas-âge.

Philippe-Frédéric montra, dès sa jeunesse, plus de goût pour le travail et de dispositions savantes que l’aîné et, par-là même, s’attira de son père une affection toute particulière. Ce fut sur lui, en effet, que Jean de Dietrich plaça toutes ses espérances pour la continuation des traditions familiales, tant pour le nom et la dignité que pour les études et les affaires. Il le fit voyager en Italie, en Hongrie, en Allemagne, en France, en Angleterre et porta son attention laborieuse sur les mines et usines de divers pays, notamment des Pyrénées et de la Lorraine, sur des travaux de chimie, de physique, d’histoire naturelle et d’économie politique. Ces études mirent le jeune savant en relations avec Turgot et Condorcet et l’amenèrent à être élu correspondant, puis membre de l’Académie des Sciences.

Frédéric était luthérien de religion, mais non de pratique, et l’un de ses meilleurs biographes, Louis Spach, regrette que, disciple de J.-J. Rousseau et pénétré des idées du Vicaire Savoyard, « il n’eût pas tout à fait compris la nécessité de cette régénération intime qui est, de nos jours, le fond de toutes les consciences délicates, de tous les esprits élevés et de toutes les natures droites, à quelque condition sociale et à quelque