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crépitèrent. Aussitôt, les troupes, excitées par de copieuses libations, se précipitèrent hors du village, tandis que l’artillerie se mettait en position sur « les Grandes Portions, » sur le « Chemin de Bellange, » à 600 mètres à l’Est du village. Trois batteries environ crachaient des salves d’obus incendiaires sur le village qui, de tous côtés, prenait feu. Et, tandis que la population était affolée, l’infanterie, excitée par l’alcool, prenait d’assaut le village en flammes.

Le tailleur, Théophile Tristot, fut tué par une balle dans le dos, alors qu’il se trouvait dans le corridor de sa maison. Robert Calba, un garçon de quinze ans, fils de M. Androphile Calba, reçut une balle à bout portant, tandis qu’il se tenait devant la maison paternelle, et fut achevé à coups de baïonnette. Un officier tua l’ancien aubergiste Julien Gézard d’un coup de revolver dans la nuque et le transperça de son sabre. Le curé Prosper Calba fut lacéré à coups de couteau et de sabre ; l’ancien maire de Dalheim, M. Louis Sommer, qui était malade, a péri dans les flammes. Et, malheureusement, beaucoup de blessés français subirent le même sort, la population, en dépit de tous ses efforts dévoués, n’ayant pas réussi à les retirer tous des maisons en flammes. Ceux qu’on avait arrachés au danger furent exterminés par les Allemands. Quatorze d’entre eux furent entraînés dans les vignobles et fusillés sans raison et sans jugement.

Pendant ce temps, les Bavarois rassemblaient les hommes, les femmes et les enfants à coups de pied et à coups de crosse. Au son des tambours, les hommes furent emmenés à Morhange, où ils durent rester jusqu’au 22 à midi, sur le Champ-de-Mars,