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l’Ecole d’agriculture, les arrêtent, les maltraitent odieusement, les jettent en prison sous prétexte qu’ils ont, « à l’arrivée des bombes françaises, exprimé leur joie à haute voix. » Victor Seichepine aurait même « frappé dans ses mains en signe de satisfaction. » Cet applaudissement vaut un an de prison au paysan.

De nombreux paysans sont condamnés, notamment par le Conseil de guerre de Mulhouse, pour avoir crié : « Vive la France ! » ou « Vive la République ! » ; pour avoir dit, comme Müller, de Huningue : « Si on me déclarait apte au service militaire, je me sauverais en Suisse » et pour avoir invité un ami à l’imiter. — Nicolas Lacour, de Folckling est condamné à six mois de prison pour propos injurieux à l’adresse des Allemands.

L’une des dernières condamnations que nous connaissions est celle d’un paysan de Bernolsheim, gratifié de trois mois de prison pour avoir refusé de transporter à l’hôpital le plus proche un soldat du landsturm, cantonné chez lui.


Rien n’est plus pénible pour un paysan lorrain ou alsacien que d’être obligé de loger le soldat allemand son ennemi. Il le fait bien voir malgré les terribles conséquences qui en résultent pour lui.

Ernest Husser, voyant arriver des soldats qu’il doit héberger, s’écrie : « Je ne veux pas avoir de sales Schwobs chez moi ! » Dix mois de prison. — Jean Urbon insulte les soldats et les traite souvent de Schwobs. Six mois[1]. — Jean Higy, de Saint-Louis, manifeste des sentiments anti-allemands. Il a dit entre autres choses : « Ces cochons de Prussiens viennent, mais on finira bien par les jeter hors de l’Alsace. » Quatre mois de prison[2]. Victor Sch… de Boustroff, se refuse à cantonner des soldats. 500 mark d’amende[3]. — Alexandre Bande, de Russ, accusé du même crime, s’en tire en payant 300 mark[4].

  1. Conseil de guerre extraordinaire île Strasbourg, 18 juin 1915..
  2. Conseil de guerre extraordinaire de Mulhouse du 1er juillet 1915.
  3. Conseil de guerre extraordinaire de Sarrebrück, d’après les Strassburger Neueste Nachrichten du 16 janvier 1918.
  4. Conseil de guerre extraordinaire de Strasbourg, d’après la Strassburger Neue Zeitung du 22 décembre 1917.