Page:Revue des Deux Mondes - 1918 - tome 46.djvu/947

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

l’excellent petit canon de 37 dont nos fantassins sont munis depuis 1916 et qui n’a que l’inconvénient grave de n’être efficace que contre le personnel découvert. L’engin allemand peut être tiré soit par un cheval, soit à la bricole par des hommes (de deux à quatre).

Tel est le canon d’accompagnement d’infanterie dont nos ennemis ont fait usage lors de leurs dernières offensives disruptives.

L’emploi de cet engin parait avoir été envisagé par eux sur une très large échelle, puisque, d’après leur programme tel qu’il devait être réalisé fin décembre 1917 (et qui paraît même avoir été dépassé depuis), chaque bataillon d’infanterie devait être à cette date muni de S M. W. léger, ce qui correspondait à plus de 17 000 M. W. pour l’ensemble de l’armée allemande.

Quel a été le rôle de ces milliers de M. W. dans les offensives allemandes du dernier trimestre ? Quelle a été leur importance ? On entend et on lit là-dessus les choses les plus contradictoires, et il faut craindre qu’un peu de passion ne tire à hue et à dia la trame encore assez limitée des renseignements précis recueillis là-dessus. En toute impartialité, il faut reconnaître que les M. W. ont certainement joué dans la première partie, dans la période de rupture initiale des dernières offensives allemandes, un rôle dont l’importance s’est ralentie ensuite.

Par exemple, lors de l’avance allemande du printemps en Picardie le correspondant du Times auprès du G. Q. G. écrivait :

« Au nombre des raisons pour lesquelles l’ennemi put avancer aussi loin et aussi rapidement qu’il le fit durant les premiers jours de l’offensive, contrairement à tous les précédents de la guerre se trouve la suivante : pendant la première partie de son avance, l’infanterie était suivie de près et accompagnée par un « minnenwerfer » d’un modèle particulier[1]. La pièce reste sur roues pendant le tir qui est suffisamment précis pour qu’on puisse employer utilement cette arme contre les tanks et les nids de mitrailleuses. En outre, son feu direct à une si faible distance le rend très efficace contre l’infanterie. Mais, en raison de la difficulté d’emporter suffisamment de munitions, il ne pouvait accompagner l’infanterie pendant plus d’un jour ou deux, et c’est un fait positif qu’ils n’ont pas fait leur réapparition dans la bataille depuis que les positions se sont stabilisées. Mais, c’est là leur seul défaut et, pendant les deux premières journées de l’offensive, ils ont rendu des services

  1. C’est celui que nous venons de décrire.