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Il est possible qu’à Kola et Mourmansk, la création de la voie ferrée ait provoqué celle de quelques ateliers et de quelques magasins, avec un certain outillage industriel. Il est probable même que les gares de ces deux bourgades seraient en état d’aider les petits bâtiments pour leurs réparations. C’est un grand point que d’avoir, à terre, une forge relativement puissante, un tour de dimensions sérieuses, une petite fonderie de bronze.

Du moins peut-on trouver dans le fjord de Kola, — comme à Vardö, du reste, et à Vadso[1], — du charbon, sûrement, des huiles minérales et des essences, le plus souvent. Ajoutez-y de l’eau fort pure, des conserves, du poisson, un peu de bétail, quelquefois, — des rennes même, — certains légumes, certaines salades fraîches (encore un grand point sous ces latitudes ! ), des baies de diverses espèces, sinon des fruits, enfin la vue reposante de bouquets de buissons verts et de bois de bouleaux, de sapins, d’érables, sans parler des mousses qui tapissent de vert les montagnes aux sommets neigeux et les roches sombres de gneiss, de granit, de schiste noir et rouge.

Ce n’est pas tout dire, cependant, sur les mérites et les ressources du Lappland norvégien ou russe. Depuis quelques années, l’attention se porte sur ces contrées qui paraissaient jusqu’ici bien déshéritées, parce qu’on y découvre de véritables richesses minérales[2]. On savait déjà qu’il y existait du fer, comme dans toute la presqu’île Scandinave, ou au moins dans les régions montagneuses de cette presqu’île. On le savait, mais, outre que l’exploitation du minerai n’en était pas facile, ni, encore moins, l’exportation, on se suffisait, en Europe, avec les mines de la Suède, de la Norvège moyenne, des bassins westphalien, lorrain, espagnol, etc.

La guerre formidable est venue qui a, en peu de temps, fait sentir l’insuffisance de ces ressources ou qui en a privé, dans une certaine mesure, l’un des belligérants, l’Allemagne. Celle-ci ne peut plus compter sur les minerais espagnols ; les minerais et les précieuses fontes de Suède lui furent contestés, il y a

  1. Port du Lappland norvégien, sur le revers sud du Varyag Njarga et dans le Varanger fjord. Vadsô est le chef-lieu de la province.
  2. Je ne puis insister sur ce sujet dans une si courte étude. Notons seulement qu’il existe en Laponie du cuivre, du nickel et même des métaux rares, le tout ayant certainement une grande valeur. L’attention des Allemands est, en ce moment, très attirée par les mines de cuivre du Syd Varanger,