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A droite de Craonnelle, tenu par le 249e, c’était une lutte non moins acharnée : les Allemands reçus, reconduits à la baïonnette. Seul le plateau du Moulin de Vauclerc, chaudement disputé, restait, en fin de journée, dans leurs mains. De son côté, le 1er corps avait résisté à trois assauts.

A dix-huit heures, sur le front du 18e corps, se lisait le message du grand Chef : « Le Général en chef félicite les 1er et 18e corps pour l’énergie dont ils ont fait preuve en repoussant brillamment toutes les attaques ennemies depuis plusieurs jours et spécialement au cours de la journée d’aujourd’hui. » Dès le 11, d’Esperey avait écrit : « Maud’huy est hors de pair. »

Mais il était clair que tels assauts ne pourraient être longtemps supportés par un corps en flèche, hasardé en plein massif de l’Aisne, alors qu’à sa gauche le front anglais, encore que très opiniâtrement tenu par le corps Haig, restait pour sa plus grande partie sur les bords du fleuve, et qu’à sa droite, le 1ercorps français ne parvenait pas à déboucher vers Corbeny et Juvincourt. Le 21, la ferme Hurtebise, déjà à moitié détruite, était derechef attaquée : incendiée pour la seconde fois, croulant sous les obus, elle était évacuée par nous et le 18e corps s’enterrait dans les tranchées voisines, accroché maintenant au sol de l’isthme et résolu à y tenir. Du côté allemand, un officier écrit : « Les pertes sont lourdes. » Mais de jour en jour, il apparaissait que ce front de bataille perdait de son intérêt et que le massif de l’Aisne n’ayant pu être qu’à moitié assailli, n’ayant pas été tourné par la droite et ne l’ayant été que fort imparfaitement par la gauche, était en quelque sorte abandonné par la bataille qui se portait en d’autres régions.


IV. — FIN DE BATAILLE (22-30 SEPTEMBRE)

« L’impression unanime, écrivait, dès le 20, un chef de corps, — l’un des plus vaillants, — à son commandant d’armée, est que nous sommes dominés par l’artillerie de gros calibre adverse. Cette impression se transforme depuis les derniers engagements en un sentiment d’impuissance et de découragement. »

Dès le début de la bataille, c’avait été le souci constant de ces soldats, des plus grands aux plus petits. La disproportion de nos moyens d’artillerie avec ceux de l’ennemi devenait