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Castelnau, — l’ennemi abandonner les positions du massif : ce serait l’heure d’agir. Pour cela, il ne fallait que garder le contact, sans plus. Mais l’Allemand ne paraissait guère près de décamper. Pendant la nuit du 19 au 20, il attaquait violemment et d’ailleurs sans succès la droite du 2e corps, et, dans la journée, la gauche du 1er, sans autre résultat d’ailleurs que de se faire repousser avec pertes. A la vérité, celles des Anglais étaient telles, de l’avis du Maréchal, que, devant son 1er corps épuisé, il s’ancrait dans l’idée de ne rien entreprendre jusqu’à ce que la retraite de l’ennemi, « qui ne tarderait guère à commencer, » permît d’utiliser, en de meilleures conditions, ses divisions fraîches. Il se contentait, le 21, d’opposer aux attaques allemandes les ripostes d’un boxeur flegmatique et résolu, rejetant sanglant, après chaque attaque, sur le Nord des plateaux, l’ennemi en mauvais arroi. Quant à avancer avant qu’eût réussi la manœuvre de Maunoury, il n’y consentait point.


A sa droite, le 18e corps français continuait à montrer un esprit offensif beaucoup plus prononcé. On se rappelle que, le 16, en attendant que le 1er corps français, en marche de la région Sud de Reims sur celle de Pontavert, le vint soutenir, Maud’huy devait étendre son action vers la plaine jusqu’à Prouvais ; son entrée en jeu avait été la reprise de la Ville-au-Bois ; mais nous avons vu que la perte de Craonne, s’ajoutant à celle de Corbeny, lui avait paru devoir faire ajourner l’exécution de cette opération après la reprise des deux villes. En dépit du refus qu’opposait l’armée anglaise à ces demandes d’appui, il était résolu à l’entreprise, d’autant que d’Esperey semblait maintenant bien décidé à orienter nettement toute son armée vers le Nord.

Mais le 17, au matin, le 18e corps, loin de pouvoir attaquer, se trouva aux prises avec une attaque des plus violentes de l’ennemi : celui-ci débouchait, à l’aube, de Juvincourt sur la Ville-au-Bois. Déjà Maud’huy avait jeté la brigade Passaga, — à sa gauche, — sur Craonne ; mais déclenchée à la fin de la nuit, l’attaque s’égara ; des bataillons errèrent ; un seul, du 34e, parvint en face de Craonne et l’assaillit ; mais c’était peu pour une position que l’ennemi avait hâtivement, mais activement