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menace, et d’Esperey, le 13 septembre, — parce qu’il était dans la même situation que Napoléon le 5 mars 1814, — devait, comme lui, s’assurer du plateau de Craonne. Le 18e corps, redressé, reçut l’ordre de porter ses gros dans la région de Corbeny-Craonne-Pontavert-Roucy-Beaurieux, le corps de cavalerie étant, à sa droite, lancé vers le camp de Sissonne, et le groupe Valabrègue ayant mission de s’engager dans la région de Juvincourt. En conséquence, la 35e division de Maud’huy s’avançant vers Corbeny, les 36e et 38e prenaient par Beaurieux le chemin de Craonnelle et Craonne. Ainsi rempliraient-elles leur rôle de flanc-garde de la 5e armée. Balayant devant eux les restes des éléments qui, à Fismes, s’étaient opposés à leur marche, les soldats de Maud’huy s’avançaient vers le Nord quand leur général reçut avis par la cavalerie que l’ennemi occupait Corbeny et, au Sud et au Nord de Craonne, les bois de Beaumarais et de Chevreux.

A quatorze heures, la 70e brigade, ayant passé l’Aisne à Pontavert, se disposait à attaquer Corbeny et Craonne ; à dix-neuf heures, Corbeny était enlevé. Par ailleurs, Craonne était, « après une action extrêmement vive, » emporté à son tour. En quelques heures, la première mission du général de Maud’huy était ainsi accomplie et le groupe Valabrègue parfaitement couvert sur sa gauche.

La 36e division, mise en retard, arrivait cependant à son tour ; le 5e chasseurs d’Afrique ayant, devant elle, enlevé d’un coup de main le pont de Maisy avant que l’ennemi eût eu le temps de le détruire, elle put passer l’eau et, à quinze heures, elle abordait les bois de Beaurieux et Craonnelle. Arrivant cinq heures plus tôt, — ce retard que les circonstances excusent n’en fut pas moins un grand malheur, — elle eût trouvé abandonnés l’isthme d’Hurtebise et le plateau de Vauclerc, l’ennemi, pris de panique, s’étant jeté de l’autre côté de l’Ailette ; mais il venait de réoccuper en forces ces positions et, après un violent combat, notre infanterie dut s’arrêter à la lisière Nord du r bois, au Sud d’Oulches et de Craonnelle.

Cependant la gauche de Maud’huy (la 38e division) avait occupé le plateau de Paissy, où les tirailleurs se trouvèrent soudain en présence de troupes anglaises, — preuve d’une liaison étroite qui eût enchanté le maréchal French. En revanche, la 36e division, s’estimant isolée, recula légèrement, à la nuit, sur