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Le 16, on se heurta une fois de plus à une résistance acharnée. L’attaque du 7e corps ne put progresser et le 4e corps, ayant fait occuper par une compagnie le village de Carlepont, était obligé de la replier sous la menace d’une contre-attaque. Ce repli mettait en danger la 37e division qui occupait Cuts et se trouvait dès lors en flèche, dans une situation très critique. La brigade marocaine fut lancée sur Carlepont. Quiconque a regardé la carte comprend l’acharnement que mettaient les deux partis à se disputer ce médiocre village ; c’était, au Nord-Ouest du plateau, la dernière position défensive des Allemands. Repoussés de Carlepont, ils étaient rejetés sur la boucle de l’Oise et perdaient pied. Si, sur ces entrefaites, le 13e corps qui opérait dans la vallée avait enlevé Noyon, l’ennemi était pris entre deux feux. Ordre était donné à ce corp3 si attendu d’activer sa marché que ne pouvaient entraver que deux divisions de landwehr jetées à sa rencontre.

Carlepont ayant été repris et une contre-attaque allemande débouchant de Pontoise arrêtée par les Marocains, la 37e division dégagée prenait de l’air, se jetant sur Blérancourt. Les Allemands étaient très menacés. On comptait, le 16 au soir, que le 13e corps enlevant Noyon, pousserait plus avant dans la direction de Guiscard. L’ennemi serait alors tout à fait débordé : déjà les cavaliers de Bridoux patrouillaient dans la direction de Saint-Quentin.


Cependant, en face de l’Aisne, la droite de Maunoury, les Anglais, la gauche de d’Esperey essayaient, — après avoir passé la rivière, -— de tâter les premières terrasses.

Les divisions de Lamaze devaient, le 13, tenter de franchir l’Aisne, la 56e à Pommiers, la 55° au Sud de Paslyj la 45e se jetterait sur Cuffies en liaison avec l’armée anglaise.

Encore que les batteries lourdes allemandes, bien défilées, couvrissent de projectiles Soissons, la route de Paris et la route de Rouen, le génie parvenait à jeter des passerelles devant Soissons, et sur ces passages, la 45e division, puis la 289e brigade de la 55e division atteignaient la rive droite ; l’une devait aussitôt attaquer la croupe 132 au Nord-Est de Cuffies, l’autre la croupe 129 au Sud de Pasly. Ainsi l’entrée du couloir de Soissons serait forcée. Mais les troupes se trouvaient bien