Page:Revue des Deux Mondes - 1918 - tome 46.djvu/673

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

graines oléagineuses, du caoutchouc et de certains métaux. Sans doute, nous savons tous par expérience qu’un État ou un groupe d’États s’acquitte mal d’opérations commerciales. On devra donc étudier les détails du mécanisme de manière à réduire cet Étatisme au minimum et à le remplacer toutes les fois qu’on le pourra par des syndicats commerciaux indépendants. En tout cas, les mesures dont il est ici question ne sauraient être, j’y insiste, regardées comme correspondant à une situation stabilisée : ce sont essentiellement, dans l’après-guerre, des mesures de guerre et, disons-le nettement, d’avant-guerre nouvelle, ou plutôt, si on me permet cette expression, d’anti-guerre.

Afin de voir si une telle réglementation a des chances d’être appliquée, passons en revue les grands États intéressés et voyons quelle a été, jusqu’ici, leur attitude.

Le premier État à considérer, ce sont les États-Unis : d’abord parce que leur action peut être décisive pour certaines substances particulièrement importantes, coton, cuivre, etc. ; ensuite parce que le caractère de froide résolution américain et l’unité de commandement réalisée par le rôle personnel du Président dans la constitution peuvent éviter les débats stériles, les incertitudes et les retards inhérents au parlementarisme confus des autres alliés. Désireux d’éviter des effusions de sang dans l’avenir, les Américains comprennent particulièrement bien les services que peut rendre à l’humanité le maniement un peu rude de l’arme économique. Ils ont pu apprécier en témoins impartiaux la profondeur de la mauvaise foi allemande et l’impossibilité de se fier à une parole germanique. Derniers venus dans la lutte, ils ont appliqué rapidement des idées qu’ils avaient eu le temps de mûrir pendant leur neutralité et ils se sont montrés des premiers disposés à porter la lutte sur ce terrain des matières premières.

Dès le 15 juin 1917, ils constituaient une Commission d’exportation, sans l’assentiment de laquelle aucune exportation ne pouvait plus avoir lieu. C’est l’organisme qu’on aura à conserver pendant la phase de « reconstruction. » Puis, le 4 décembre 1917, M. Wilson s’est proposé d’assurer la paix future contre une Allemagne « qui continuerait à vivre sous le gouvernement d’hommes ou de classes d’hommes, auxquels les autres peuples du monde ne pourraient pas se fier. » « En ce