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Clovis, Charlemagne, Hugues Capet avaient, en des circonstances diverses, fondé celle de leurs maisons, où contre les Coucy les premiers Capétiens avaient assuré la leur, où Jeanne avait, en y menant Charles VII, achevé de restaurer la « Maison de France. »


III. — LA BATAILLE DE CÉSAR

Lorsque l’Empereur, en 1814, accourant de la Marne sur l’Aisne, passait la rivière à Berry-au-Bac, il savait, ayant étudié à fond les Commentaires, mettre une fois de plus ses pas dans les pas de César. Et d’ailleurs, marchant sur Corbeny, il pouvait voir s’élever à sa droite une croupe allongée et régulière dont le sommet a gardé à travers les siècles la mémoire du vainqueur des Gaules : à l’est de la ferme du Choléra, s’élève en effet le « Camp de César. » Enfin, lorsque Napoléon étudiait sa marche sur Laon, son œil, couvant le massif, avait dû apercevoir, sur les pentes orientales du massif, entre Saint-Thomas et Erne, ce Vieux Laon où, à 206 mètres d’altitude, s’inscrit le « camp des Romains, » l’antique Bibrax, oppidum Remorum, ville forte des Rémois.

C’est en effet César qui ouvre la série des batailles de l’Aisne.

Appelé en Gaule par les gens de la région d’Autun, les Eduens, il avait, en l’an 696 de Rome, 58 avant notre ère, refoulé les Helvètes au-delà du Jura, rejeté, en 57, les Germains d’Arioviste de l’autre côté du Rhin ; et maintenant il se heurtait à l’énorme confédération des Belges, occupant le pays entre la mer du Nord, la Somme, l’Aisne et la Meuse, Remois, Suessions (gens du Soissonnais), Bellovaques et Ambiens (gens du pays de l’Oise et de la Somme), Atrebates (gens de l’Artois), Nerviens (gens du Hainaut et des Flandres). Puissante confédération puisqu’elle pouvait mettre sur pied une armée de plus de 250 000 hommes, alors qu’après ses deux campagnes, le général romain voyait ses six légions tombées chacune des 6 000 hommes de l’effectif normal à 4 000 et moins.

César, ayant résolu de marcher contre les peuples belges, reconstitue son armée. Recrutant dans le Nord de l’Italie deux nouvelles légions régulières, que lui amena Quintus Pedius, il grossissait ses troupes noires de plusieurs milliers d’archers et