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n’est point, j’en suis sûr, pour faire peur à mes lecteurs, — cherchons à comprendre comment le frettage peut augmenter la résistance de la bouche à feu.

Considérons un canon constitué par un tube central sur lequel est fixée une frette. Il est certain que ce canon sera plus résistant qu’un tube unique homogène de même métal et de même épaisseur totale. Il y a à cela plusieurs raisons qui sautent aux yeux :

D’abord la frette exerce sur le tube central une compression qui tend à en diminuer le diamètre, une sorte de tension du métal vers le centre qui est exactement de sens contraire à la tension qu’exercera sur lui la poudre au moment du départ du coup. Lors donc qu’on tirera, une partie de la pression de tir sera employée d’abord à vaincre la tension causée par la frette et à ramener le tube interne à l’état d’équilibre qu’il aurait s’il n’était pas comprimé par la frette. Il ne restera donc plus qu’une partie de la pression initiale des gaz pour produire sur le tube un travail d’extension. Donc la valeur de cette pression initiale pourra être beaucoup plus grande qu’en l’absence de tout frettage, et pour une limite de sécurité donnée. Il est clair en effet que le métal pourra ainsi supporter une tension égale à la somme de celle qu’on s’était fixée et de la tension vers le centre que produit le frettage. — En somme, grâce au frettage l’action des gaz de la charge sert d’abord à ramener, si j’ose dire, le tube central à l’état naturel ; ce n’est que le surplus de cette action qui fait travailler le tube à l’extension. — Dans ces conditions la résistance maxima de la couche interne d’un tube frette est évidemment égale à la limite d’élasticité à la compression, augmentée de la limite d’élasticité à la traction.

Il y a d’autres phénomènes encore qui expliquent l’efficacité du frettage. Il y a d’abord le fait que c’est, comme nous l’avons vu, la couche interne des tubes qui travaille le plus. Or, quand un tube est serré dans une frette, celle-ci se comporte, par rapport à lui, comme lui-même par rapport à la poudre, c’est-à-dire que c’est sa couche interne qui travaille le plus. Dans un tube portant une frette on a donc deux couches internes travaillant au maximum ; le travail est donc mieux réparti et par conséquent proportionnellement moindre sur la couche interne de l’âme que dans un tube unique de même épaisseur totale. Donc plus il y aura de frettes superposées, l’épaisseur totale restant la même, mieux la tension sera répartie de l’intérieur à l’extérieur du canon, plus celui-ci sera résistant.

On peut d’ailleurs montrer encore autrement, et par le