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intelligence que, dès le début de la crise, il a eue de la situation présente, a rendu possible l’entente entre les deux gouvernements. C’est lui qui, avec son neveu, le général Touan k’i jouei, ministre de la Guerre, présidera à l’exécution des accords si opportunément intervenus entre les deux grands États de l’Asie orientale. — Certains membres du Parlement japonais avaient fait un grief au maréchal Teraotlsi de ce qu’ils appelaient sa partialité envers le général Touan k’i jouei. L’événement a jusqu’ici prouvé que le maréchal Teraoutsi n’avait pas été mal inspiré en accordant crédit à celui des membres du cabinet de Pékin qui a le plus délibérément décidé la Chine à se prononcer pour la cause des Alliés et qui a montré le plus de fermeté, de persévérance dans le maintien de cette politique.


VII

Comment pourrait se réaliser le programme de défense ou d’action conçu pour ce front d’Asie, jusqu’où s’étendrait-il, c’est ce que, d’une part, les circonstances concourraient essentiellement à déterminer, c’est ce que, de l’autre, les conditions mêmes de l’exécution et du succès ne permettent évidemment pas de divulguer. Le premier ministre de la Grande-Bretagne, M. Lloyd George, dans le discours qu’il a prononcé le 24 juin devant la Chambre des Communes, a sagement évité de s’expliquer, et même de répondre aux questions qui lui étaient posées concernant le problème russe et la solution éventuelle à attendre de l’Asie. Il s’est borné à dire que « la difficulté était d’accéder à la Russie, et que la seule Puissance ayant accès à la Russie était le Japon. » A bon entendeur, salut !

Qu’il suffise, jusqu’à présent, de constater que, par leur récent accord, la Chine et le Japon se sont précisément mis en mesure d’accomplir la tâche qui pourrait être la leur, et que, dans l’accomplissement de cette tâche, l’intérêt des Alliés et de Russie ne se sépare pas de leur intérêt propre. — Pour ce qui touche les territoires de la Mandchourie, de la Mongolie et de la Sibérie orientale, la Chine et le Japon sont à pied d’œuvre, les frontières de la province de l’Amour pouvant être facilement couvertes par les forces des deux pays établies à proximité et qui auraient tôt fait de se concerter et de se joindre. — Une progression ultérieure pour la protection des territoires et la