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mouvements de l’opinion soit aux États-Unis, soit en Europe et plus particulièrement en Russie, concernant le programmée adopter et l’action à exercer dans les régions d’Asie d’où pourrait être tout ensemble combattu le péril germanique et préparé le relèvement de la Russie. — L’évolution faite dans ces dernières semaines tant aux États-Unis qu’en Russie n’a pu qu’encourager le Japon dans la poursuite d’une politique qui concilie si complètement la sauvegarde de ses intérêts et la défense générale de la cause commune de tous les Alliés. La presse japonaise de son côté n’a pas manqué de traduire l’heureux progrès survenu à cet égard dans ses propres impressions et sentiments, ainsi que dans les dispositions des États Unis et dans les quelques îlots de l’immense Russie où apparaissent les premières lueurs d’un réveil de la conscience nationale. Si elle n’est pas unanime, si à Tokyo et dans les provinces quelques journaux ne se sont pas encore convertis à l’idée qui peu à peu fait son chemin, les organes les plus importants, tels que le Kokumin qui peut être considéré comme l’interprète officieux du cabinet, le Yomiuri qui reflète la pensée du vicomte Motono, le Hochi, qui a longtemps subi l’influence du marquis Okuma, l’Asahi, organe indépendant, s’accordent à penser que l’heure a sonné d’agir, et que l’imminence du danger fait aux Alliés une loi de se rallier aux décisions nécessaires.

Ce sont les accords sino-japonais des 16 et 19 mai et les mesures déjà concertées entre les cabinets de Tokyo et de Pékin qui paraissent avoir le plus contribué à déterminer ce ralliement jusqu’ici différé et hésitant. — Du moment que les deux Puissances le plus immédiatement intéressées, les deux voisines de la Russie, le plus exposées, par conséquent, aux entreprises allemandes, s’entendaient pour y faire obstacle ou les prévenir, les autres Alliés devaient être amenés à comprendre le parti qu’eux-mêmes pouvaient tirer de la résistance opposée à l’ennemi commun et du front de bataille réédifié ainsi en substitution du front russe. — Il est heureux, à cet égard, que, — malgré les divisions subsistant en Chine entre les Nordistes et Sudistes, le gouvernement japonais se sente en confiance avec le gouvernement de Pékin, notamment avec le général Touan k’i jouei, qui a, depuis la fin de mars de cette année, réassumé la présidence du Conseil. C’est Touan qui, par ses bonnes relations avec les hommes d’État japonais, et par la claire