Page:Revue des Deux Mondes - 1918 - tome 46.djvu/424

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

l’opinion et de la presse, sur les tendances des partis, sur les délibérations et les mesures du gouvernement impérial, des révélations, commentaires et impressions qui nous mettent à même de mieux comprendre et nous représenter les pensées, dispositions et sentiments du peuple et du gouvernement japonais, leur altitude dans la période actuelle de la guerre devant la menace germanique qui, à travers la Russie, les vise eux-mêmes plus directement et que, de concert avec les Alliés, ils ont plus que jamais intérêt et obligation à parer.

Le maréchal Teraoutsi et le vicomte Motono avaient, dès la première apparition, du danger, au lendemain des traités de Brest-Litovsk, signifie leur résolution de faire tout ce que la situation exigeait d’eux. Le baron Goto, en succédant au mois de mai au vicomte Motono, que la maladie forçait à résilier ses fonctions, s’était déclaré prêt à suivre la même politique : « Nous avons comme pivot central de notre action, disait-il, l’alliance anglo-japonaise, nos engagements avec les États-Unis, nos accords avec les Puissances alliées et notre désir sincère de coopérer avec nos voisins de Chine et De Russie. » — « Le Japon ne perd pas de vue, ajoutait-il, que la Russie est un pays s’efforçant de réorganiser une machine temporairement troublée et détraquée. Il doit donner encouragement, aide et appui à ce travail de réorganisation. » Quelques députés au Parlement de Tokyo, dans leur esprit d’opposition contre le cabinet du maréchal Teraoutsi, avaient émis certaines réserves sur les intentions manifestées par le gouvernement impérial. Quelques organes de la presse indépendante ou hostile avaient de même critiqué les déclarations et les actes du cabinet. Celui-ci n’en poursuivait pas moins sa tâche et préparait les mesures qui, le moment venu, deviendraient nécessaires. C’est en ce sens et dans ce dessein qu’il avait ouvert avec le gouvernement chinois les négociations qui aboutirent aux accords des 16 et 19 mai ci-dessus analysés. C’est avec les mêmes préoccupations qu’il avait réuni le conseil des maréchaux chargés d’examiner les préparatifs à faire, les amendements ou réformes à apporter à l’organisation militaire, et qu’il avait créé une administration spéciale pour, la mise au point de toutes les questions d’armement, de ravitaillement, d’équipement.

Les ministres du Mikado suivaient en même temps, dans leur désir de rester en entière harmonie avec les Alliés, les