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première heure, pressentir et percevoir que le succès, l’avenir de sa politique d’expansion résidait dans le rapprochement, dans la prompte et loyale colonie avec l’adversaire de la veille. L’Angleterre et la France, désormais unies par la convention du 8 avril 1904, secondèrent et facilitèrent cette œuvre de réconciliation qui, moins de deux ans après la paix de Portsmouth, fut, par les accords de juillet et août 1907, heureusement accomplie. La Mandchourie, après avoir été le champ de bataille des deux ennemis, devenait le terrain de raccordement et d’union des deux associes. Le chemin de fer transmandchourien, d’abord objet de compétition et de lutte, devenait le principal instrument de rapprochement, de cohésion, d’intime et étroite collaboration des deux Puissances, dont les yeux étaient dessillés.

Que cette politique qui, du 30 juillet 1907 au 3 juillet 1904, n’a cessé de se continuer et de s’étendre par quatre accords de plus en plus précis et confiants, soit demeurée celle du Japon, les déclarations du gouvernement japonais et la seule présence au pouvoir du maréchal Teraoutsi et du baron Goto suffiraient à le démontrer. Qu’elle continue de même à être la foi et l’espoir de tout ce qui en Russie a échappé à la corruption teutonne et au vertige bolcheviste, il n’y a pas à en douter. Qu’elle doive rester pour les Alliés la ligne directrice d’inspiration et d’action, rien n’est plus évident et plus sûr. L’intérêt et le devoir du Japon, de la Chine, de la Russie et des Alliés réclament unanimement, pour la défense de la cause commune et le relèvement de la Russie, pour la conduite de la guerre et de l’après-guerre, le maintien de cette politique qui, née de la paix de Portsmouth et des accords de 1907, a été le vrai pacte d’entente et d’alliance entre l’Europe et l’Asie.

Le Japon, en se rangeant dès le 15 août 1914 aux côtés des Alliés, ne s’est pas borné à reconquérir sur l’Allemagne le territoire de Kiao-Tchéou et à éliminer le pavillon germanique de l’océan Pacifique et de l’océan Indien, il a monté une garde vigilante sur toute l’Asie orientale et s’est fait le factionnaire des postes de protection et de sauvegarde destinés par les accords internationaux à assurer le statu quo, l’équilibre et la paix de l’Orient. Il ne peut donc que poursuivre avec plus d’attention que jamais l’œuvre qui a été la sienne, dès ! ors qu’une situation plus grave et une menace plus directe l’exigent. Et, de fait, quand aux mois de février et du mars de cette année les