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de « valeurs mobilières » nouvelles. Ces valeurs, dont l’inventaire est facile à faire, consistent en : 31 milliards des trois emprunts en renie perpétuelle, souscrits depuis la guerre ; en 20 milliards de bons de la Défense nationale ; en 1500 millions d’émissions diverses autorisées depuis 1916, — dont 600 millions par la Ville de Paris, — et en 21 milliards d’augmentation, depuis le 1er août 1914, du total des billets émis par la Banque de France.

Pour les billets de banque, stock énorme de 450 millions de morceaux de papier de tous les types, depuis 5 francs jusqu’à 1 000, le plus grand nombre d’entre eux ont disparu de la circulation, thésaurises dans les coffres et les tirelires. De même 600 millions de francs de monnaies divisionnaires d’argent ont été, au fur et à mesure de la frappe, subtilisés et enfouis ; éléments, non de fortune, mais de sécurité pour leurs craintifs détenteurs.

De ces 74 milliards de valeurs nouvelles, il faut déduire les deux milliards et demi d’or que le public a patriotiquement apportés aux caisses de l’Etat, les milliards de bons de la Défense qui, dans l’actif des établissements de crédit, remplacent les effets de commerce, inexistants aujourd’hui, et permettent un emploi liquide des dépôts à vue et des comptes créditeurs de la clientèle. Il faut déduire aussi les valeurs étrangères vendues par les Français. Le Trésor, à lui seul, en a négocié 500 millions pour le compte des particuliers qui, de leur côté, en ont réalisé directement au moins autant sur les marchés extérieurs.

Malheureusement pour nos compatriotes, cette ressource ne leur a pas fourni des disponibilités en rapport avec l’importance de leurs placements ; les valeurs qu’ils avaient le plus abondamment dans leurs portefeuilles, comme le Russe, le Turc, lus Balkaniques, le Mexique ou certaines républiques Sud-Américaines, ont subi, du fait de la guerre ou pour d’autres causes, une dépréciation notable ; les porteurs répugnaient à s’en défaire à perte et trouvaient même difficilement preneurs. Plus heureux que nous, les Anglais, créanciers des Etats-Unis dans une large mesure, ont rapatrié avec profit les fonds qu’ils avaient placés dans l’Amérique du Nord. Un détail en donnera quelque idée : le trust de l’Acier, — l’United States Steel Corporation ; — dont les actions sont répandues un peu partout dans