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Mlle de La Loupe et qui n’ont ouï parler que de Mme d’Olonne. » Son aveu surprend surtout ceux qui savent comme il avait de la fatuité. Mais il avait de la bonhomie, en outre ; et il conclut : « Cette historiette, comme vous voyez, n’est pas trop à l’honneur de ma galanterie. » Mais cette différence si honorable qu’il fait de Mlle de La Loupe à Mme d’Olonne ? Il est possible qu’il ait gentiment réservé sa courtoisie à Mlle de La Loupe, ayant eu affaire à elle, tandis qu’il n’eut point affaire à Mme d’Olonne : et celle-ci, d’ailleurs, on ne peut rien pour la sauver de son aimable déshonneur. Le mieux est de songer que Mlle de La Loupe a épousé le comte d’Olonne en cette année 1652 et qu’elle ménageait ses fiançailles.

L’historiette, dans le récit du cardinal, reste là. Guy Joly la mène plus loin. Guy Joly nous présente, en 1652, un cardinal de Retz qui baguenaude avec son cousin le duc de Brissac, Louis de Cossé, lequel avait épousé Mlle de Scepeaux, Marguerite de Gondi, cousine du coadjuteur. M. de Brissac s’était insinué dans les bonnes grâces de Retz par « les voies les plus agréables, » en lui organisant ses parties de plaisir, ses promenades, ses chasses, ses folâtreries. Nous suivons Guy Joly : M. de Brissac avait alors un commerce de galanterie avec Mlle de La Vergne : et, quand le cardinal se fut épris de Mlle de La Loupe, ce cardinal et ce duc « allaient souvent, de nuit, entretenir ces deux demoiselles. » Pour ces visites nocturnes, le cardinal s’était fait faire « des habits fort riches et fort galants, suivant son humeur vaine qui le portait à se tenir ordinairement, le jour aussi bien que la nuit, paré d’habits extraordinairement magnifiques, dont on se moquait dans le monde. » Quelle aventure ! Et comment ces rendez-vous nocturnes étaient possibles dans la maison de l’honnête Sévigné, c’est ce qui étonne. On peut noter qu’au dire de Tallemant, la « demoiselle, » — c’est la fille de confiance, — de Mme de Sévigné ne méritait aucune confiance et passait pour délurée. Puis il est facile de traiter Guy Joly de calomniateur, à tout hasard. L’ennui serait de retrouver ailleurs le duc de Brissac auprès de Mlle de La Vergne. C’est dans le Pays de Braquerie ; et, dit Bussy, « par le mot de Braquerie, le prince (de Conti) entendait parler des dames qui étaient galantes. » On lit dans le Pays de Braquerie : « Olorine. C’est un chemin fort passant. On y donne le couvert à tous ceux qui le demandent… » Et