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donnait, — en l’espace, son 2e régiment, — et l’attaque était donc d’importance. Mais la matinée n’était pas avancée, que déjà les cadavres de ces bons soldats de Prusse remplissaient les abords du Grivesnes et de Plessier.

La Garde ne se tient pour battue qu’après maints assauts. À 10 h 45, le quatrième se déclenchait : il est repoussé. Il se déplace alors ; ce n’est plus au Nord-Est de Grivesnes, sur Saint-Aignan, c’est sur la cote 104, au croisement de la route de De mu in à Moreuil et de celle de Roye à Amiens, qu’il se déchaîne ; on saisit, sans plus de phrases, l’importance de ce nœud. L’Allemand arrive à 50 mètres de la cote, mais il est arrêté au pied de la petite éminence et reflue en mauvais arroi. L’ennemi cherche alors à s’infiltrer dans les ravins : notre artillerie l’y surprend, l’y écrase, de concert avec la britannique. De nouveau l’assaut se déplace : c’est maintenant entre Morisel et Moreuil qu’il se livre. Deux assauts repoussés, puis un nouvel essai d’infiltration ; lentement, l’Allemand s’insinue jusqu’aux lisières de Mailly-Raineval, et bientôt Castel tombe. Au moins ce succès est-il chèrement payé par l’adversaire sur tout le front du 36e corps, — gauche de Debency.

Sur celui du 9e corps qui constitue le centre, la lutte est encore moins heureuse pour l’ennemi, car s’il fait de cruelles pertes devant le bois de Margival, il n’y gagne pas un pouce de terrain, et sur toute la ligne, le 98 corps résiste à une pesée générale de l’ennemi.

Ainsi quatorze divisions, dont six fraîches, ont-elles en vain attaqué sur un front de 17 kilomètres : les légers progrès au Nord ne pouvant compenser les portes subies. C’est avec la confiance que la position défendue tiendra, qu’on a organisé cependant, dans la journée, de Rouvre à Coullemelle, une seconde ligne de résistance à laquelle au pire, l’ennemi se viendrait heurter. C’est bien sur la première ligne, presque inentamée que Dubeney prescrit de tenir : l’ordre du 4 avril au soir en fait à tous une obligation ; le moyen, c’est la contre-attaque ; chacun des corps reçoit à cet égard une mission bien définie. De Castel à Grivesnes, nous reprendrons nos avantages ; l’artillerie, qui maintenant à ses munitions, intensifie son tir. À la gauche, le général Robillot, qui, hier encore, menait si vaillamment le bon combat sur le front d’Humbert, reçoit la direction de la bataille ; il défendra la trouée de l’Avre, fermera là le chemin d’Amiens, assurera