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Valdant, à gauche de Gamelin, violemment attaquée dans les bois de l’Hôpital, se relire sur le front Frétoy-Rimbercourt où elle retrouve des débris de la 9e division.

Il était temps que la 1re division arrivât : elle arrivait, chargée de recueillir nos divisions abîmées ainsi que les restes de la 18e britannique, dont le général Grégoire formait, avec sa 1re, un groupement pour défendre la montagne de Béhéricourt, dernière couverture de Noyon.

Les Allemands se ruèrent à l’assaut. Les 10e et 9e divisions tinrent bon, faisant barrage à l’Ouest de Crisolles ; les soldats de Brécard, désespérément cramponnés à la croupe de Grand Ru, brisaient les assauts. Mais plus à droite, les 55e et 125e cédaient sous la pression ennemie et commençaient a passer l’Oise entre Bretigny et Manicamp, entraînant, par suite d’une erreur, le 9e cuirassiers, droite de Brécard, qui ainsi découvrait Babœuf, aussitôt occupé par l’ennemi, mais bientôt repris par les Anglais.

Seulement la ligne craquait à gauche : la Indivision, vers seize heures trente, avait dû céder, se replier sur Campagne et Bussy et, de ce fait, elle avait perdu le contact avec l’aile droite de Robillot, — la 62e division : déjà l’ennemi, s’insinuant dans le trou, avait conquis Catigny, Sermaize, Beaurains ; cette fois, c’était le flanc Ouest de la montagne de Béhéricourt qui se trouvait menacé : un régiment de la 33e, le 144e, fut, à mesure qu’il arrivait, jeté bataillon par bataillon sur les trois villages qu’en une heure il reprenait glorieusement. Cependant une trouée restait ouverte vers Noyon entre Beaurains et Genvry ; les Allemands débordaient derechef à flots ; la montagne âprement défendue était menacée d’encerclement ; Noyon était perdu.

Pellé, toujours calme, envisageait le repli derrière la ville comme inévitable et l’organisait, car, la montagne de Béhéricourt perdue, c’était sur les collines au Sud et Est de Noyon que le chemin de Compiègne pouvait être maintenant barré. Il fallait que l’ennemi nous y trouvât solidement installés. Tandis qu’il bouchait provisoirement le trou fait et donnait l’ordre de résister en avant de la ville quelques heures encore, le général faisait évacuer la ville et organisait sa ligne de repli sur la rivière, le Mont Renaud, la montagne de Porquéricourt, la hauteur du Moulin Ruiné : ainsi serait singulièrement atténuée la perte de Noyon. Puis, couvertes par leurs arrière-gardes, les divisions gagnèrent ces nouvelles positions.