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quittait Toul, mais le premier élément de sa future armée débarquait dans la région de Montdidier, cette vaillante 56e division qui allait se couvrir de gloire sur ces champs de Picardie.

Le 5e corps, de son côté, se renforçait : la 1re division et la 35e étaient débarquées au Sud de Noyon. Les camions couraient les routes dans le brouillard et déversaient au Sud de la bataille le flot des casques bleus.


X. — LE 55. LA BATAILLE DE NOYON

La « semaine sainte » commençait : elle allait être la « semaine historique. » S’ouvrant sur Noyon perdu, elle se fermerait sur Amiens sauvé ; elle devait voir Pellé et Robillot, sous Humbert, fermer aux Allemands la route de Paris.

Pendant toute la nuit du 24 au 25, l’ennemi avait tâté nos positions : dès l’aube, une attaque de grand style se déclenchait sur tout le front, particulièrement violente sur le centre de Pellé, attaque redoutable, car ce sont troupes fraîches contre nos divisions déjà fatiguées. Dès huit heures, la manœuvre se dessine très nettement : séparer les armées franco-britanniques et, pour cela, déborder la 3e armée à sa gauche vers Nesle ; cependant, Humbert étant occupé à sa gauche, foncer sur Pellé pour le crever : c’est la ruée Nach Paris. Et le soir l’ennemi croira avoir doublement réussi ; la journée verra la chute de Nesle comme celle de Noyon.

Humbert a prévu que ce lundi allait être jour critique. Pense-t-il qu’on évitera qu’il soit jour funeste ? En tout cas, il a prescrit au 5e corps d’enrayer les progrès ennemis, « quel que soit l’état des troupes. » Maintenant son poste de commandement à Noyon, le général Pellé devra, avec la 1re division de cavalerie, « garantir la route de Ham-Noyon ; » on défendra « sans aucune pensée de repli » les premières pentes du massif, des bois de la Gave à Grisolles à gauche ; à droite, la 35e division sera portée sur la ligne Caillouel-Abbécourt pour barrer la route de Chauny à Noyon.

Mais déjà les Allemands, perçant entre les divisions Gamelin et Brécard, ont pris pied dans le bois de la Gave, attaquant, à sa droite, la première, qui perd Quesmy et se replie, à sa gauche, la seconde dont les éléments sont refoulés sur la montagne de Grand Ru. Ge repli entraine celui des deux ailes : la division