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le corps Pellé, car les combats du 23 ont été meurtriers, le terrain est incertain, l’heure va venir où on aura partout relevé les Anglais : aux 125e, 9e et 10e divisions et 1re de cavalerie à pied, Pellé joindra la 1re, dirigée sur Noyon.

C’est qu’il faut proportionner la résistance à la poussée et la poussée devient tous les jours plus formidable. Encouragés par le succès de leur armée de gauche, les allemands engouffrent dans l’énorme poche creusée en trois jours divisions sur divisions. Par surcroit, le brouillard, très épais, les favorise, empêchant notre artillerie, en voie d’installation, de régler ses tirs. Manifestement, l’ennemi vise à atteindre Noyon dans la journée. La carte où se dessine la marche des divisions vers l’Oise le révèle clairement. Les attaques convergent suivant l’axe Ham-Noyon, ayant pour but de nous déborder sur les ailes en contournant par le Nord et le Sud le massif boisé des bois de la Cave et de Beaugies couvrant Noyon. Si cette opération réussit, le massif de « la Petite Suisse, » au Sud de la ville, dernier obstacle naturel sur la route de Paris, tombera à son tour avant que l’armée française ait pu, renforcée, souder ses éléments. Car le 3e corps britannique, harassé par quatre jours de lutte sans répit, ne peut plus agir en masse ; certains éléments s’encadrent dans nos divisions, mais il faut que celles-ci résistent à un ennemi trois fois supérieur en nombre et sans cesse renforcé par l’arrivée des divisions fraîches de von Hutier. Il faut « tenir à tout prix sur ses positions », ç’a été la première parole d’Humbert ; Pellé n’a pas besoin d’entendre : depuis deux jours, il donne cette consigne à ses divisionnaires.

Ceux-ci, le 24 au matin, occupent une ligne partant de l’Oise vers Amigny-Rouy et Condren (points que tient encore la 58e division britannique) suivant le tracé : lisières Est de Viry-Noureuil, pentes Est de la cote 85, Est de la Croix-Saint-Claude (c’est le secteur de la 125e division), lisières de Villequier-Aumont et bois de Genlis (c’est celui des cavaliers de Drécard où ils se raccordent à la division Gamelin).

A 9 heures, la 125e division perd Viry-Noureuil et la cote 85 ; Chauny est directement menacé. Le général Pellé entend que la résistance s’intensifie de ce côté ; il donne au général Diebold le commandement de toutes les forces de droite. Pendant ce temps, au centre, la division Brécard, vivement pressée, évacue Villequier-Aumont et le bois de Genlis, talonnée par