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trouve la gauche de la 10e division ; à sa gauche, la 22e cherchera la liaison avec l’armée britannique vers Offoy et Voyennes sur la Somme. Le général Robillot, commandant le 2e corps de cavalerie, est déjà à Lagny et prend le commandement de ce groupe : c’est l’homme des « coups de chien : » on va le voir, en 1918, apparaître, cet infatigable cavalier, sur tous les champs de bataille, Picardie, Flandre, Champagne, aux heures difficiles. Humbert qui, avec Pellé, avait un si bon bras droit, a maintenant son bras gauche. Il peut embrasser le champ de bataille. Et il faut que tous ces chefs se cuirassent d’énergie, car si les troupes débarquent, vaillantes et pleines d’entrain, continuant à être engagées sans barguigner, elles le sont dans telles conditions, — 80 cartouches par homme, pas d’outils, les mitrailleuses portées à bras d’homme, les canons arrivant 24 et 48 heures après l’infanterie, — qu’il faut s’attendre encore à de terribles à-coups, à des surprises, à des reculs. Mais l’important est de retarder l’ennemi ; toute cette armée se forgera et se soudera à son feu. Et, un jour, elle sera une ligne de bronze où l’ennemi se brisera.

Comme déjà un autre état-major d’armée est alerté, qu’à son tour Debeney va être amené à relever, de Montdidier à Amiens, l’armée britannique et que Pétain entend achever l’organisation de la bataille sur un front plus large encore, il y faut un très grand chef ; le général Fayolle est, le 23 au soir, désigné pour prendre le commandement de tout ce groupe d’armées ; il le saisit aussitôt, de Chauny à Péronne. Ainsi la bataille française s’étend-elle et se magnifie-t-elle. Elle est confiée à un illustre soldat ; il serait impertinent de présenter au lecteur le vainqueur de la Somme, l’homme au regard clair, le « doux-fort » comme on l’appela devant moi, Fayolle, appelé à diriger de haut sur ce terrain qui lui est familier, — théâtre de sa victoire de 1916, — la bataille en mauvais arroi.


IX. — LA JOURNÉE DU 24

Le général Humbert transporte, dès le matin du 24, son quartier général à Montdidier : de là, tout en menant la bataille, il pourra assurer le débarquement des éléments de la future armée Debeney. Tandis que ceux-ci, des fronts les plus éloignés, s’acheminent vers le champ de bataille, on alimente