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La bataille en effet était en bonnes mains. Mince, vif, élégant, d’allures jeunes et d’ailleurs jeune, Humbert, c’est l’homme de Mondement, de l’énergie sans brutalité, un chef très français ; une carrière militaire singulièrement active, — du Tonkin au Maroc en passant par Madagascar, l’état-major, les commandements, — l’a, depuis longtemps, entraîné à la décision ; les combats de la célèbre retraite d’août-septembre 1914, — la fameuse mêlée autour du Mondement, la bataille de l’Yser, les luttes d’Argonne, l’ont porté, du commandement de la magnifique division du Maroc, au corps d’armée, à l’armée. Quatre ans de campagne n’ont fait que raffermir une main qui jamais n’a tremblé. Il saisit de cette main les rênes qui flottent. Il faut rétablir la bataille : il la rétablira.

Il faut la rétablir : car, le 23 au soir, la situation est très mauvaise. Certes, l’intervention de Pellé a retardé le flot, et Pellé restera le grand atout d’Humbert. Mais Pellé est lui-même arrivé quand tout craquait. L’ennemi occupe Tergnier, Flavy-le-Martel, Golancourt, Èsmery Hallon ; la ceinture d’eau qui couvrait la région est tout entière en ses mains, le canal Crozat, le canal de la Somme jusqu’au-delà de Ham… Nos alliés pourront-ils, plus à l’Ouest, défendre le passage de la Somme ? A l’Est, la prise de Tergnier menace Chauny : c’est l’Oise ouverte. Noyon n’est couvert, a son Nord, que par les petits massifs boisés en avant desquels se battent, ce 23, les troupes de Pellé. On tiendra tant qu’on pourra, encore faudrait-il qu’on fût assuré à sa gauche : les soldats britanniques, hier, occupaient encore Nesle, Roye, mais appuyant sans cesse vers le Nord-Ouest, ils peuvent découvrir Lassigny, Montdidier, et entre les deux villes, il n’existe pas, ou presque pas de défenses naturelles.

Pellé continuera à couvrir, en avant du massif, la région Chauny-Noyon, la 125e division essayant, cependant, de reprendre avec Tergnier la clef de l’Oise : le 2e corps de cavalerie (Robillot) va arriver ; on le jettera, s’il le faut, dans la région d’entre Guiscard et Nesle avec la 62e (Margot) et la 22e (Capdepont) divisions : dès le 23 au soir, la 22e, qui à peine achève de débarquer à Roiglise (Sud-Est de Roye), déjà est poussée vers Hombleux et Rouy-le-Petit (Ouest de Ham) ; elle se liera à sa droite avec la 62equi, elle, débarquant à Ercheu, entre Roye et Ham, déjà a été jetée vers Hombleux et Ësmery-Hallon où elle