Page:Revue des Deux Mondes - 1918 - tome 46.djvu/263

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

toute la journée du 22, il s’en fallait que ces troupes pussent « relever, » ainsi qu’il en était maintenant question, les divisions anglaises épuisées. La 125e division (général Diebold), poussée vers la région de Chauny, seule était en mesure d’étayer la 58e division britannique, — extrême droite de Gough. Dès le début de l’après-midi, elle ouvrait le feu sur Fargniers et Quessy, occupés par les Allemands, et se préparait à reprendre Tergnier. Mais, au Nord, les Allemands, suivant les Anglais dans leurre-traite, allaient, à Ham, franchir le canal de la Somme et atteindre Golancourt en direction de Guiscard. Il ne s’agirait plus alors de défendre le canal Grozat, mais de faire face à un ennemi débordant de toute part la région bornée par la Somme, le canal Crozat, l’Oise et la route de Ham à Noyon. Le général Pellé pressait le mouvement de ses divisions qui, aussitôt débarquées, seraient jetées sur la ligne Barisis-Frières-Faillouël-Beaumont-Le Plessis-Patte-d’Oie-Flavy-le-Meldoux-bois de l’Uôpilal-Ecuvilly.en avant des bois qui, de Vouël à Beaumont, s’étendent de l’Ouest du canal Crozat à l’Est de la route de Ham à Noyon.

Le 23, les divisions débarquaient : elles étaient aussitôt dirigées sur les points utiles ; elles allaient être engagées dans les circonstances les plus défavorables, sans canons ou presque, sans fourgons de ravitaillement, sans matériel de combat, mais la belle humeur incroyable des soldats doublait leur vaillance, et c’était d’un viril élan qu’ils couraient faire barrage au flot allemand déferlant de toute’ part.

Celui-ci, dans la matinée du 23, avait fait d’inquiétants progrès : ayant forcé au Sud les passages de Tergnier et Jussy, l’ennemi n’était arrêté que pour un temps par la ténacité des Anglais qui, ayant perdu Jussy, le reprirent pour le perdre derechef. Au Nord, le flot roulait en direction de Golancourt-Esmery-Hallon. Il semblait qu’on fût vraiment débordé.

La 125e s’était, comme on l’a vu, la première, jetée dans le combat : entre l’Oise et les bois de Prières, elle luttait, dès l’aube du 23, avec acharnement ; elle avait repris du terrain, mais cédait peu à peu sous la poussée, quand les cavaliers à pied de Brécard arrivèrent enfin : le 9e cuirassiers se rua sur l’ennemi : celui-ci a déjà établi ses mitrailleuses devant le bois de Frières, et c’est un massacre. Mais l’ennemi a été, de ce fait, arrêté quelques heures : les divisions Diebold et Brécard peuvent, par un repli ordonné, prendre des positions plus solides. La 9e