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Hélas ! ces temps sont morts ; la semence abondante
N’aura pas levé ; c’est en vain
Que certains garderont cette parole ardente,
Que Giotto peindra cette grâce et que Dante
Dira ce reflet du divin.

Hélas ! François est mort et morte sa pensée,
La tombe enferme son corps nu.
Son frais cantique a fui notre lèvre oppressée
Et voici qu’aujourd’hui la terre est harassée
Comme s’il n’était pas venu.

François, nous te prions à cette heure indécise
Où l’ombre envahit le chemin.
Que ta blanche figure à nos yeux se précise,
O Père ! et qu’un rayon de la clarté d’Assise
Réchauffe le vieux cœur humain !


LE REPAS SÉRAPHIQUE


Donc, — la bure à l’épaule et suivant le ruisseau, —
Avec l’un de ses fils, avant le crépuscule,
Saint François descendit à la Portioncule
Pour manger avec Claire, à leur commun berceau.

J’aime d’imaginer le tendre paysage
Où le Pauvre de Dieu menait ses pas bénis
Et les odeurs des fleurs et les chansons des nids
Qui mettaient leur Hesse à son maigre visage.

C’était l’un de ces soirs limpides et touchants,
Comme le Ciel les fait pour la terre d’Ombrie,
Quand, semant de points blancs la colline assombrie,
Les bœufs aux mufles bas redescendent des champs.