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— Où est-il ?

— Le voici.

— Monsieur, me dit l’officier en se présentant, c’est par vous que je suis en liaison avec la 42e division. Agissons d’intelligence, s’il vous plaît ; communiquons-nous nos renseignements respectifs.

— Je vous serai bien obligé, dis-je, car j’ignore tout de la situation.

— Moi, j’ai l’avis que les Boches vont attaquer, — et même, ajouta-t-il, en me présentant, après l’avoir lu, un papier qu’on lui tendait, — qu’ils attaquent.

— Dans quelle direction ?

— Nord, Nord-Ouest, par le ravin de la Hayette et vers la crête du Mort-Homme.

« Merci, » ai-je crié, et je n’ai fait qu’un saut jusqu’au commandant Malochet. Au bataillon, l’alerte se donne déjà ; mon renseignement y ajoute.

— Voici mes ordres, me dit le commandant. Les 9e et 12e vont, en rase campagne, se porter en avant de la position jusqu’à hauteur du P. C. du colonel de Matharel ; elles se déploieront vers l’Ouest, formant ainsi un rideau défensif devant nous. La 11e compagnie reste à mes ordres pour défendre l’ouvrage La’orderie et ses ailes, en connexion avec la compagnie de pionniers et deux groupes de mitrailleuses.

— Dans ce cas, je rejoins mon capitaine avec ma section.

— C’est inutile ; vous n’avez plus d’hommes. Je vous détache de votre compagnie ; assurez la défense sur l’aile gauche de la position.

Au retour, je croise Aulier, Bouchot, Savary, la 9e. Sous mes yeux, ils franchissent le parapet, se déploient, ils entrent dans la zone des obus. « A vous revoir, » ai-je crié. Avec Le Gallo, Mondion, Dresseyre, la 12e est déjà en position. Les mitrailleuses en place, les hommes debout, tous la tête hors du parapet, anxieux sous le calme apparent, nous attendons l’ennemi ; il ne tarde. Un mouvement se produit sur la crête du Mort-Homme ; un afflux dans un brouillard de poussière et de poudre ; à la jumelle, on distingue le gris des uniformes.

Étages derrière les éléments qui nous couvrent et ont ouvert le feu, nous agissons de même. L’ennemi hésite ; il se distend, il se rompt ; puis, sur un autre mode, il reprend son