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financières du monde entier. » Un code de T. S. F. en apparence purement commercial, permettra de faire transmettre, à une banque américaine et par l’intermédiaire d’une banque hollandaise ou suisse, amie des Alliés, les informations désirées. Enfin, c’est dans ce même et curieux rapport que se trouve l’énumération minutieuse des informations sur lesquelles il sera bon de ne pas insister et de celles qu’il faudra laisser complètement de côté.


I. La neutralité belge et les atrocités belges ne devront plus être mentionnées dans l’avenir.

II. On devra s’abstenir, pour l’Amérique, de mettre la responsabilité de la guerre au compte de l’Angleterre seule. Un élément anglais considérable existe, en effet, en Amérique ; et le peuple américain maintient l’opinion que tous les partis belligérants, comme d’habitude, ont leur part de responsabilité dans la guerre.

III. La fierté et l’imagination des Américains au sujet de leur culture ne devront plus être continuellement offensées par l’affirmation répétée que la culture allemande est la seule culture vraie et surpasse toutes les autres.

IV. La publication des pamphlets de caractère purement scientifique doit être évitée à l’avenir comme lecture sèche, qui ennuie les Américains et leur est incompréhensible.

V. Finalement, il est de la dernière importance que l’autorité et les peuples allemands cessent de discuter continuellement et publiquement l’envoi d’armes et de munitions aux Alliés et de faire sentir aux Américains leur déplaisir.


Anticipant les effets de ce rapport, et fidèle au principe que la meilleure propagande en Amérique sera celle qui sera faite par des Américains, l’ambassadeur organise des voyages au front, des tournées de correspondants américains en Allemagne. Il recommande qu’on se montre « prévenants pour eux, de manière à gagner leurs sympathies à la cause de l’Allemagne. » Il veut surtout qu’on leur montre le mécanisme formidable de la guerre, « de telle manière que l’étonnement leur impose l’admiration et le respect de la puissance « t de l’efficacité allemandes. » Déjà il a obtenu des bureaux de la Wilhelmstrasse qu’un écrivain américain de talent, Edward Lyall Fox, reçût une allocation « pour ses bons articles » envoyés d’Allemagne en 1914. Il revient sur le sujet. Il décide le chancelier de Bethmann-Hollweg à écrire de sa propre main