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allemand sur la plus extrême ou glaciale réserve, — quand elle s’en tient là.

Il ne faut pas longtemps à l’ambassadeur pour comprendre que le sentiment de la bonne majorité du pays s’est retournée, vis-à-vis de l’Allemagne, tout de même que la société a fait vis-à-vis de lui.

Il aperçoit cela qui crève les yeux, mais il se garde surtout de faire paraître qu’il ait rien vu. Quand il parle des choses de la guerre, son attitude devient rêveuse, son regard se fixe au plafond ; il murmure, il soupire : « Pauvre Belgique ! Pauvre France ! » Cependant, un moment après, il parait se reprendre, se rendre compte où il est. C’est d’un ton rapide, incisif, sans réplique, qu’il achève, conclut : « Bien entendu, nous avons les preuves des machinations de l’Angleterre, les preuves écrites, irrécusables… L’histoire fera connaître, jugera… »


L’ORGANISATION DE LA PROPAGANDE

Il va au plus pressé et s’occupe d’abord de réorganiser tous les services de sa propagande. Il étend leur action. Il leur donne, avec une plus grande portée et des ressources en argent presque inépuisables, leur maximum de force. Il faut rappeler ici quelques faits.

C’est d’abord et bien entendu à son ancienne amie, à la presse, qu’il s’adresse.

Par le docteur Dernburg, qui lui a été imposé, comme une sorte de contrôleur, haut commissaire au petit pied et qu’il saura si bien et bientôt contrôler lui-même, pousser en avant quand il faudrait se retirer, à qui) il fera commettre enfin blunder sur blunder, et jusqu’à le rendre undesirable, il fait pressentir les grands journaux de New-York ; il acquiert la sympathie de la presse Hearst ; il traite avec l’un des journaux du soir les plus répandus, l’Evening Mail. Enfin il fait entamer des pourparlers avec l’agence d’informations la plus importante des États-Unis, l’Associated Press. Mais, là, il trouve aussi malin que lui. On paraît accepter d’abord. On demande par écrit des précisions sur le projet. Quand on a les précisions, on trouve qu’elles ne suffisent pas. On en demande d’autres. Quand on les a toutes et que la responsabilité de l’ambassadeur est engagée à fond, les pourparlers cessent brusquement. Quand