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concessions à des compagnies ou aux particuliers, une mission préalable incombait au gouvernement, c’était l’exploration scientifique du bassin minier : tel fut le rôle confié à l’Ecole de Geislautern.

Elle fut destinée à former des ingénieurs chargés de faire la prospection et de préparer la mise en exploitation de toutes ces richesses souterraines dont l’existence avait été, à la vérité, en partie reconnue dès l’époque romaine, comme le prouvent des restes de galeries de mines et de nombreux puits dans le voisinage de Vaudrevange[1], mais dont l’exploitation n’avait été pratiquée, même encore à la veille de la Révolution, que d’une manière empirique et superficielle. Les ingénieurs de l’Ecole devaient aussi étendre leur champ d’action au bassin ferrugineux du Luxembourg et de Longwy, et jusqu’aux mines de la région d’Aix-la-Chapelle.

Ils se mirent à l’œuvre avec le zèle le plus louable et une ardeur de néophytes. Ils firent la reconnaissance et l’exploration souterraine de toute la région de Sarrebruck, opérèrent les sondages nécessaires pour fixer les cotes de nivellement, les inclinaisons et l’épaisseur des couches ; ils trouvèrent des méthodes nouvelles pour le traitement du minerai de fer et la fabrication de l’acier. Grâce à eux, on pouvait, dès les premières années de l’Empire, prévoir le développement que ne tarderait pas à prendre l’industrie houillère et métallurgique de la contrée.

L’Ecole de Geislautern fut véritablement, suivant l’expression de M. F. Engerand, « le Conservatoire minier de la région. » Elle eut à sa tête des ingénieurs de haute valeur, comme Duhamel, Beaunier, Calmelet ; elle forma des élèves tels que Théodore de Gargan, le futur chef-associé des forges de Wendel. Les résultats graphiques de leurs travaux méthodiques de prospection dans le bassin de Sarrebruck, portant sur 367 kilomètres carrés de superficie, furent rassemblés dans un grand atlas de soixante-six cartes, que dressèrent Duhamel et Calmelet. M. Aguillon, dans le Livre du Centenaire de l’Ecole polytechnique, et M. F. Engerand, dans son ouvrage tout récent sur nos frontières lorraines, ont rendu à nos infatigables et savants ingénieurs de Geislautern le juste tribut d’hommages

  1. On m’a même signalé, dans le fond d’une de ces galeries, une inscription romaine dont le texte n’a jamais été relevé.