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années d’enfance passées dans sa famille et chez des parents, à Eupen et à Mülheim, on le voit, dès la prime jeunesse, remuant, agile, séjournant successivement à Trêves, à Coblence, à Hanau, à Hagen, à Sarrebrück, exerçant un emploi dans l’administration des mines à Iserlohn, au comté de La Mark, et jusqu’à Amsterdam, faisant divers apprentissages, se formant à l’intrigue, s’occupant d’affaires de toutes sortes. En 1809, il vint finalement se fixer à Sarrebrück et entra dans la maison « Stumm frères, » qui possédait des forges et des mines de houille. Henri Böcking ne tarda pas à épouser une fille du chef de la maison, Charlotte-Henriette Stumm, dont il n’est pas indifférent de signaler, en passant, les prénoms bien français. Böcking avait alors vingt-quatre ans. Il fut aussitôt après son mariage mis par son beau-père à la tête de ses affaires industrielles, et c’est ainsi qu’il entra en relations suivies avec les ingénieurs français de l’Ecole de Geislautern.

Par un décret du 24 pluviôse an X (12 février 1802), le Premier Consul, dont on rencontre partout la féconde initiative, avait créé deux Ecoles d’Ingénieurs des Mines, l’une à Geislautern, entre Forbach et Sarrebrück, l’autre à Pesey, dans les Alpes (département du Mont-Blanc). Ces créations furent jugées assez importantes pour qu’on frappât des médailles commémoratives destinées à en perpétuer le souvenir. Une Ecole de commerce fut aussi installée à Mulhouse.

Il y avait dans la région moyenne du bassin de la Sarre, surtout sur sa rive droite, non seulement des houillères, mais des richesses minérales de toute nature : minerai de fer, cinabre, mercure, etc. richesses qui avaient donné naissance à des industries sidérurgiques qui n’attendaient pour se développer qu’une impulsion vigoureuse et des débouchés pour leurs produits. M. Fernand Engerand signale dès l’an VI, d’après un rapport de Guillaume Knverzer, vingt-deux petites mines de houille, exploitées dans le bassin de la Sarre ; treize d’entre elles appartenaient au prince de Nassau-Sarrebrück[1].

Avant de prendre un parti dans la grave question de savoir s’il convenait de charger l’Etat de l’exploitation directe du sous-sol minier et de constituer ce qu’on appelle des mines fiscales, ou bien s’il était préférable d’adopter le système des

  1. F. Engerand, Les frontières lorraines, p. 66 et suiv.