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agissements de M. Dudevant, à Bourges, George répond qu’elle n’y croit guère. « Il y a un genre d’intrigues qui tombe à plat devant la discussion, et la lumière se fait aux débats. Néanmoins je ne négligerai pas la bienveillance de M. Raynal, et je vous remercie de lui avoir parlé de moi. Je le verrai et s’il veut me servir, j’en serai très reconnaissante[1]. »

Quelques jours avant, elle adressait à Mme F. Buloz ce billet[2] :

« Et vous, chère petite dame, comment êtes-vous ? Buloz me mande que vous êtes souffrante, peut-être grosse. Si vous ne devez pas en être trop malade, je le désire pour vous. Il n’y a de vrai et de durable pour les femmes que les joies de la maternité. Je fais des vœux sincères pour que vous meniez à bonne fin cet espoir naissant. Soyez bien sage. Soignez-vous. Vous ne doutez pas, j’espère, des sentiments d’affection et de vif intérêt qui me portent à vous faire ces recommandations. « Adieu et tout à vous de cœur,

« GEORGE. »

24 juin 1836[3].


Pendant que George Sand, de la Châtre, écrivait ainsi à ses amis, à Paris un nouveau régicide avait été tenté : le 25 juin, Louis Alibaud avait tiré deux balles contre le Roi.

La Revue[4]condamna cet attentat dans sa chronique du 1er juillet, et aussi dans un article sur l’Assassinat politique, signé Lerminier. Mais quelle mouche a piqué George ? L’opinion de la Revue la révolte et l’indigne, elle est hors d’elle, et Alibaud devient à ses yeux « un héros ! » On retrouve, dans cette exaltation, un peu de celle de Louis Blanc, qui fit de l’assassin une manière de martyr ; il lui découvrit même une extrême aménité de mœurs et de caractère, une sensibilité profonde, etc. enfin, c’est déjà la rhétorique de 48.

Mais voici la lettre de George[5].

… « Il s’agit d’un fait vu au point de vue moral,

  1. Inédite datée de la main de F. Buloz : 26 juin 1836.
  2. A Madame Buloz, rue des Beaux-Arts, Paris.
  3. Inédite.
  4. Avec presque toute la Presse française.
  5. Du 3 juillet 1836. Inédite.