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« Mon cher George,

« J’ai lu attentivement votre lettre, j’y ai trouvé des longueurs, mais je n’y ai rien vu qui ne puisse se publier, je crois que cette lettre peut exercer une heureuse influence sur les juges, je vous en enverrai un certain nombre d’exemplaires, que vous leur ferez remettre, vous verrez dans ce même numéro… le morceau de Mme Jal[1][2]. »

Quelques jours après, George se plaint de la Revue Britannique qui l’attaque, — « ne m’envoyez pas l’article, mais usez de votre influence pour qu’on ne me dise pas d’injures en ce moment-ci, — » et Loeve-Weimars, dans la Revue, ne peut-il la défendre ? Cinq ou six lignes qu’il écrirait de « main de maître » feraient fuir les beaux esprits qui ne se frotteraient plus à cette plume : que Buloz lui demande ce service ! « On dit qu’il me hait, je ne sais pourquoi, je ne lui en ai jamais donné sujet. » Et encore : « Je vous prie de parler de moi à Chaix d’Est-Ange, et de l’empêcher de plaider contre moi, si M. Dudevant a recours à lui. Car on dit que M. Bathmont l’abandonne, et j’ai envoyé signer ma consultation à plusieurs avocats des plus célèbres, pour les empêcher d’être contre moi, ma consultation sera présentée à M. Chaix d’Est-Ange. Recommandez-moi à lui puisque vous êtes en relation avec lui… Parlez de Mme Jal à Sosthènes, si vous le voyez, dites-en beaucoup de bien, c’est une femme intéressante… »

Sosthènes dont George parle ici est Sosthènes de la Rochefoucauld : elle le désigne souvent ainsi : S. R. Elle aurait voulu que S. R. confiât la rédaction de ses mémoires à Mme Jal protégée de George. F. Buloz fera la recommandation, mais il est clair qu’il ne compte pas sur le talent de Mme Jal, pour orner la Revue des Deux Mondes.

« Je mettrai la note en question dans la Revue, et répondrai à la Revue Britannique[3]. Malheureusement Loëve n’est pas à Paris, mais nous arrangerons t’out cela de façon à ce que tout se passe bien…Ne vous inquiétez plus de Chaix d’Est-Ange, je

  1. En échange de cette lettre (qui devait la servir dans l’esprit de ses juges) George exige l’insertion dans la Revue de Paris d’une nouvelle de Mme Jal, nouvelle dont le directeur ne voulait pas, et son paiement à Mme Jal.
  2. Inédite Collection S. de Lovenjoul.
  3. C’est Sainte-Beuve qui écrivit cette réponse dans la Revue du 15 juin 1836.