Page:Revue des Deux Mondes - 1918 - tome 45.djvu/812

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

rien ne vaut une honnête explication face à face, — entre amis.

À cette lettre F. Buloz répondait le 29 décembre…

« A propos de la Revue, n’écoutez donc pas les cancans[1]que l’on fait. Je vous donne ma parole que tant que je l’aurai, elle ne sera aux pieds de personne. Ni de M. Guizot, ni d’aucun ministre. Elle ne sera qu’aux vôtres, illustre reine de France et de Nohant.

« Si vous avez lu l’article de Didier, vous aurez vu que la Revue ne peut être aux pieds d’un homme qu’elle traite si durement[2]… Les lettres sur les hommes d’Etat sont de Loëve Weimars ; nous en aurons une prochaine sur de Broglie, Duprez, etc.

« Adieu, mon cher George, tenez-moi au courant de votre procès, j’espère que tout ira bien. Pour moi je vous aime, et ne croirai plus le mal qu’on dira de vous, j’ai appris à vous apprécier.

« Tout à vous.

« BULOZ. »


« Ma Margarita se porte très bien et me charge de vous faire ses compliments, et de vous exprimer toute l’admiration qu’elle éprouve pour la reine de France. Ma Margarita se laissera bien volontiers fourrer dans le roman que vous voudrez[3]. »

Margarita ? Ce nom qui apparaît maintenant dans la correspondance, c’est celui que George Sand donne à la fiancée de F. Buloz, Christine Blaze.

George Sand de son côté écrivait à son directeur le 30 décembre 1835 :

«… Depuis que je suis revenue de Nevers, je suis enfermée dans mon cabinet, et je n’ai vu âme qui vive.

« Ah ! si, cependant, j’ai causé toute une nuit sur la trinité et sur la transsubstantiation avec le curé dont je vous ai parlé. C’est un garçon très remarquable, je lui ai prêté le Coran, il m’a lu deux chapitres très bien faits d’un roman qu’il est en train d’écrire. Je ne sais ce que sera le reste, mais ce que j’ai

  1. On disait que F. Buloz avait vendu la Revue à M. Guizot. E. Mirecourt dans sa notice sur G. Planche l’affirme.
  2. Ch. Didier, l’Espagne depuis Ferdinand VII, 15 décembre 1835.
  3. Collection S. de Lovenjoul.