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« Il m’est revenu par hasard d’affreux propos contre M… Soyez-moi témoin qu’aujourd’hui et toujours, non seulement je n’y prends aucune part, mais que je les démens de toute ma force. Je sais pertinemment que Planche est la source de toutes les versions qui, selon les gens, et selon les sociétés, se sont répandues différemment par le monde[1]. Cela me blesse et m’afflige profondément. Ne laissera-t-on jamais les gens s’aimer, se quitter, ou se quereller, se raccommoder sans prendre acte de ces puérilités, et sans entasser des matériaux pour leurs biographes ? Quelles niaiseries ! Tous les hommes et toutes les femmes n’ont-ils pas eu le droit d’être jeunes, malheureux, fous, violents, amoureux, injustes, etc. ? Haussez donc les épaules quand on vous parle de tout cela et quand on va jusqu’à de graves imputations contre lui ou moi, défendez paternellement, cher Reviewer, celui des deux qu’on attaque, sans jamais accuser l’autre…

« Je vous enverrai bientôt Lavater[2]pour la Revue[3]. »

Le 25 août, elle écrit de nouveau :

« Illustre ami, je reçois hier vos épreuves, et vous les renvoie pour les fautes de français. Je ne me mêle pas de cela… Etes-vous à Genève, occupé à faire des élégies sur les bords du lac, ou bien êtes-vous incessamment aux pieds de la beauté qui vous enchaîne, poussant des soupirs à faire tourner tous les moulins de Montmartre ? C’est peut-être là, la cause des grandes tempêtes que nous avons ici.

« Adieu. Salut et fraternité !

« Il parait que le National[4]vous a donné un joli coup de patte. C’est bien fait, j’en suis enchantée[5]. »

Il faut constater ici, à cette date, que l’entourage de la Reine de France eut sur elle une mauvaise influence concernant ses anciens amis, en l’indisposant souvent contre eux, contre F. Buloz surtout. Après avoir reçu tant et tant de

  1. Si cela était, Planche avait tort, mais aussi quel traitement avait subi Planche !
  2. A Liszt : Sur Lavater et sur une Maison Déserte. — 1er septembre 1835.
  3. Inédite.
  4. Le National du 3 août, en effet, avait attaqué les opinions politiques de la Revue de Paris et celle de la Revue des Deux Mondes. F. Buloz, qui ne s’occupait plus de la rédaction politique de la première, répondit le 5 août que la chronique de la Revue des Deux Mondes était « rédigée par un écrivain connu, qui ne déclinait pas la responsabilité de ses écrits. »
  5. Inédite.