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chez eux la maison de Bourgogne, au grand déplaisir des ambitions teutonnes. « Vous voulez donc être Français ? » disait à leurs ambassadeurs l’empereur Sigismond. L’Empereur se méprenait : une dynastie vraiment nationale, vraiment belge, allait pour quelque temps s’installer.

« Fondateur de la Belgique, conditor Belgii, » dira, de Philippe le Bon, Juste Lipse ; et la Belgique, non sans tressaillements, non sans des soubresauts locaux qui parfois furent terribles et terriblement réprimés, se mit entre ses mains pour qu’il la fondât. Il voulut la fonder avec son concours à elle, sans que nul autre s’en mêlât. Un jour de 1447, l’empereur Frédéric III vint jusqu’à Besançon, avec des papiers tentateurs qui faisaient de Philippe un roi de Brabant, pourvu qu’il reconnût, pour ses autres terres de Belgique, être vassal de la Germanie. Les papiers, aujourd’hui, se retrouvent aux archives de Vienne, avec cette mélancolique mention : Non transierunt ; Philippe aima mieux se passer d’être roi que de se réenchaîner, lui et la libre Belgique, à la Germanie. Il fut un absolutiste, un centralisateur : c’était l’esprit du temps. Mais les bonnes villes gardèrent, vivaces, leurs institutions locales et l’autonomie de leur action proprement municipale ; et les États Généraux, création de la maison de Bourgogne, eurent mission de mettre sous les yeux du souverain le total des volontés particulières de ses divers territoires : la juxtaposition tendait à l’unité. Lorsque, au lendemain des folles équipées du Téméraire, Flandre et Brabant, Limbourg et Hainaut, Hollande et Luxembourg se sentirent devenir l’héritage des Habsbourg, les autonomies territoriales, avec leurs organes provinciaux, avec leur organe central, demeuraient assez robustes, assez maîtresses d’elles-mêmes, pour que Philippe le Beau d’abord, et puis Marguerite d’Autriche, régente au nom du futur Charles-Quint, fussent amenés, encore, à se comporter en souverains bourguignons, en souverains belges.

L’empereur Maximilien eut l’idée, divisant l’Allemagne en cercles, de comprendre dans une de ces fractions, qu’il dénommait cercle de Bourgogne, les possessions belges de son petit-fils Charles-Quint. « Nous ignorons quelle chose peut être ce cercle, » déclaraient imperturbablement les plénipotentiaires de ces provinces. « Pour chose quelconque, signifiait à Charles-Quint la régente Marguerite, elles ne voudraient contribuer