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hyperbole sur laquelle se trouve nécessairement situé le canon cherché.

Donc, étant à la fois sur ces deux hyperboles, ce canon se trouve forcément à l’endroit où elles se coupent sur la carte.

Tel est le principe d’une simplicité presque enfantine sur lequel est fondé le repérage par le son. Il va sans dire que dans la pratique, les choses sont un peu plus compliquées, car il a fallu trouver des appareils à la fois rustiques et précis pour avoir de l’exactitude. Il a fallu aussi résoudre une foule de petites difficultés : savoir distinguer et identifier une détonation donnée au milieu de beaucoup d’autres ; distinguer les éclatemens des obus français des détonations de départ des canons ennemis ; tenir compte de l’influence variable du vent et de la température extérieure sur la vitesse du son, etc. etc. j’en passe et des meilleures. Mais de tout cela, on est venu rapidement à bout et le repérage est aujourd’hui chez tous les belligérans d’une application courante et aisée et d’un rendement proportionné à leurs facultés d’organisation respectives.

Les Allemands, qui s’en servent beaucoup, emploient d’ailleurs diverses ruses, divers artifices plus ou moins efficaces (… plutôt moins que plus) pour gêner ce repérage. Par exemple, ils font éclater à certaine distance des canons, des « marrons » qui produisent de fausses détonations. Ou bien, comme ils l’ont fait pour tenter d’empêcher le repérage par le son des pièces tirant sur Paris, ils font tirer en même temps d’autres pièces placées à quelque distance (dans le cas particulier des 170 de marine) et visant des objectifs différens. Ce synchronisme est facile à réaliser électriquement. Ce sont là malices cousues de fil blanc.

C’est ainsi qu’on a trouvé que les pièces tirant sur Paris (sont-elles deux ou trois, on n’en sait rien avec certitude, ce qui est établi, c’est qu’elles ont au moins deux emplacemens de tir et probablement trois) sont placées dans la région de la forêt de Saint-Gobain et de Crépy-en-Valois. Sur leur mise en batterie, on a eu des renseignemens incertains : ce qui est sûr, c’est qu’elles sont amenées sur rail comme les pièces longues qui bombardent périodiquement Nancy et Dunkerque.


Pourquoi les pièces étant repérées ne sont-elles pas immédiatement démolies ? C’est que pour arrêter le tir d’un pareil canon, il faudrait tirer dans son voisinage immédiat, à quelques mètres tout au plus.