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être assuré d’être défilé par rapport à lui. D’autres au contraire avaient pensé que la plus grande partie du trajet ayant lieu presque dans le vide, la forme de la trajectoire devait différer peu de la trajectoire théorique dans laquelle l’angle de chute est égal à l’angle de tir. Ce sont ceux-ci qui étaient le plus près de la vérité. Des mesures et des recoupemens faits en divers points de chute à Paris, dont certains se prêtaient fort bien à cette détermination, ont montré que l’angle de chute est voisin de 60°, c’est-à-dire que l’angle fait par la trajectoire à son arrivée est deux fois plus petit que celui qu’elle fait avec l’horizontale.

De là on peut tirer quelques conséquences pratiques intéressantes pour ceux des Parisiens à qui le « Kanon » procure quelque crainte et quelque perplexité. La direction de la trajectoire est à très peu près Nord-Est-Sud-Ouest. Par conséquent, dans les rues et les espaces vides, on est assuré d’être défilé chaque fois que, regardant vers le Nord-Est et sous un angle d’environ 60° avec le sol, on a devant soi un obstacle matériel, un mur, une maison. La même méthode est applicable aux personnes qui veulent savoir si leurs fenêtres, si leur appartement peut être atteint ou non par le projectile. Pour cela, il leur suffit de se mettre à leurs fenêtres, de se tourner vers le Nord-Est (ce que l’orientation de leur rue sur le plan de Paris, faute d’une boussole, leur permet de faire facilement), et de viser suivant une inclinaison de 60°. Si leur regard rencontre une maison, un obstacle matériel, ils sont défilés. Rien n’est plus facile d’ailleurs que de viser suivant un angle de 60° : il suffit pour cela de construire une sorte d’équerre en bois ou en carton dont les deux côtés de l’angle droit ont respectivement 20 centimètres et 3o centimètres de long. En posant horizontalement le petit côté sur le rebord de la fenêtre et en visant le long de l’hypothénuse, le regard fait avec le sol l’angle voulu.

.le m’excuse de donner ces indications un peu puériles, mais enfin, si petit que soit le danger, les personnes qui ont le temps ne doivent pas néanmoins négliger ces petits moyens d’assurer leur sécurité ou, pour mieux dire, de faire que le pourcentage des mauvaises chances soit réduit de 1 millionième à 1 milliardième. Ce sont là choses dont il est assurément permis de se soucier quand on a des loisirs.


En fait, non seulement l’effet de chacun des obus qui tombent sur