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maximum, puis décroit avant le point de chute, si paradoxal que cela puisse paraître.


Quel angle fait la trajectoire avec le sol au départ et à l’arrivée ? Quels sont autrement dit l’angle de tir et l’angle de chute ? On a beaucoup disputé sur ces questions qui ont un intérêt non seulement théorique, mais extrêmement pratique et utilitaire comme nous allons voir.

Dans le vide, l’angle de tir qui correspond à la portée maxima e6t de 45°. Dans le tir courbe habituellement réalise jusqu’ici au moyen des obusiers et des mortiers et qui peut être considéré comme se faisant dans une atmosphère homogène, l’expérience et le calcul ont montré que l’angle de tir correspondant à la portée maxima est inférieur à 45° et généralement voisin de 43°. Il n’en est pas du tout de même dans le cas qui nous occupe, comme l’a le premier chez nous fait remarquer M. Claude. Ici, en effet, que s’est-on proposé ? Faire traverser le plus vite possible par l’obus les couches basses et résistantes de l’air de manière qu’il arrive dans des couches élevées, raréfiées où sa vitesse se conserve. Or, en braquant à 55° le canon qui nous intéresse on ne réduirait que de 5 p. 100 la portée théorique, tout en portant de 30 à 40 kilomètres l’altitude théorique atteinte, c’est-à-dire que l’obus ferait la plus grande partie de son trajet dans des couches encore beaucoup moins résistantes. Or ceci doit compenser cela, et au-delà, et c’est ainsi que M. Claude avait été amené à penser que l’angle de tir devait être voisin de 55°. Cette prévision a été exactement confirmée, notamment par la presse allemande. Tel est en particulier l’angle de tir indiqué par le général Rohne dans l’article déjà cité.


A côté de l’angle de tir, il faut considérer l’angle de chute qui, s’il n’est pas moins intéressant pour les balisticiens, l’est infiniment plus pour les autres Parisiens. Certains théoriciens, hypnotisés par les précédens, connus relatifs au tir courbe dans l’air avaient émis l’hypothèse que l’angle de chute devait être très voisin de 89° ou de 90°, c’est-à-dire que l’obus devait tomber à très peu près verticalement et que par conséquent en aucun point des rues de Paris on ne pouvait