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de Chaulnes, à Lihons, a vu l’ennemi procéder par attaques locales, bombardant des points strictement définis. Les villages au Sud de Chaulnes, Hellu et Hattencourt, étaient encore aux Alliés, comme en témoignaient les éclatemens noirs des shrapnells allemands. Lihons même était calme et ne recevait que très peu d’obus. Les troupes françaises et britanniques combattaient entremêlées, les Français arrivant par la droite et occupant les positions britanniques, tandis que nos alliés se retiraient par l’Ouest. Le 26 au soir l’ennemi était nettement arrêté devant notre droite. Il fallait maintenant étendre progressivement le barrage vers notre gauche. Le 28 au soir, le verrou était tiré depuis la vallée de l’Oise jusqu’à Montdidier. « Dès le 29, dit la même note, on sentit que la situation était changée ; les attaques de l’ennemi échouaient de Canny au mont Renaud. Nos unités se reconstituaient sur place ; les troupes anglaises rassemblées rejoignaient leurs armées. L’artillerie française remplaçait l’artillerie anglaise au fur et à mesure de son arrivée. L’ordre revenait avec le succès. »

Les Allemands, témoins de cette consolidation, essayèrent de la prévenir avant qu’elle fût complète. Aussi bien ils avaient été arrêtés devant Amiens, et entre Amiens et Arras. Il était assez naturel qu’ils reportassent l’effort à leur gauche, et, le 30 mars, ils tirent une attaque générale sur tout le front français depuis le mont Renaud, hauteur qui domine l’Oise, au Sud de Noyon, jusqu’à Mondidier. A vol d’oiseau, le front est de 32 kilomètres. L’ennemi porta son principal effort sur trois points : à sa gauche, les hauteurs au Sud de Lassigny sur lesquelles il tâchait de s’élever ; à sa droite, les collines de Montdidier, qu’il attaque principalement au Sud-Est de la ville, à Assainvillers ; au centre enfin, dans la dépression entre ces deux systèmes de hauteurs, la grande route de Roye à Senlis, le long de laquelle il essaya de s’avancer par Conchy-les-Pots.

Dans la matinée, il progresse sur les trois points ; déjà ses divisions fraîches affluaient ; mais au centre, comme elles s’avançaient vers le Sud, sur la route de Senlis, elles furent prises dans le flanc droit par une violente contre-attaque menée face à l’Est sur le front Hainvillers-Mortemer. A la droite française, devant Lassigny, le combat n’était pas moins brillant. Quand on sort de Lassigny, en se dirigeant vers le Sud, on a devant soi, à un kilomètre environ, le village du Plessis, et derrière ce