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violence. Les troupes britanniques durent évacuer Mory ; mais les attaques sur Velu et sur Vaulx furent repoussées, avec de lourdes pertes.

Le 24, l’armée repoussait des attaques à Menin et à cheval sur la route de Bapaume à Cambrai. Mais l’ennemi, ayant réussi plus au Sud à prendre à la 5e armée Sailly-Saillisel, tournait la 3e armée par sa droite. Il fallut donc, dans la nuit du 24 au 25, exécuter un nouveau repli. Ce repli s’exécuta sans être inquiété par l’ennemi. On a vu d’autre part qu’à partir de ce moment le front de l’armée fut étendu au Sud jusqu’à la Somme, par rattachement du corps de gauche de la 5e armée. Le 25, les Allemands attaquèrent sur toute la ligne depuis Ervillers au Nord, jusqu’à la Somme au Sud. A la gauche britannique, ils furent repoussés entre Ervillers et Behagnies ; mais à la droite, quoique repoussés à Montauban, ils réussirent à prendre Mari-court, immédiatement au Nord de la rivière, sur la route de Péronne à Albert. Ils dépassaient là leurs anciennes lignes de 1916, puisque c’est de Maricourt que l’attaque anglaise du 13e corps contre Montauban était partie le 1er juillet.

Un nouveau recul était donc nécessaire. Dans la nuit du 25 au 20, l’armée pivotant sur sa gauche, c’est-à-dire sur Boyelles, fut ramenée sur le front Moyenneville-Ablainzevelle-Bucquoy-Hamel-Albert-Bray. Le 26, l’ennemi attaquait des deux côtés d’Albert, au Nord sur Beaumont-Hamel et Serre qu’il prenait, au Sud, le long de la Somme, sur Bray, dont il s’emparait également. Mais c’était la fin de son avance. Une attaque sur Bucquoy dans la nuit du 25 au 26 était repoussée. Ceux qui ont passé cette nuit à Amiens peuvent s’en souvenir ; un bombardement intensif par avions dura depuis neuf heures du soir jusqu’à quatre heures du matin ; l’ennemi, volant très bas, au milieu du fracas des bombes et des mitrailleuses, avait surtout visé la jonction de la ligne de Paris et de la ligne de Rouen. En gare de Longueau, un train avait été mitraillé. Au petit jour, on voyait dans les rues des pauvres gens, leur paquet à la main, s’en aller dans la direction de l’Ouest. Dans cette journée du 27, de violentes attaques sur tout le front depuis Moyenneville au Nord jusqu’à la Somme au Sud échouaient.

L’ennemi, ainsi arrêté, essaya le 28 d’étendre son front vers le Nord ; il jeta de nouvelles divisions à l’assaut, et attaqua depuis Puisieux au Sud jusqu’au-delà d’Oppy dans le Nord. Il