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fois le barrage franchi, les trois bataillons s’échelonnaient au contraire en profondeur, le troisième bataillon augmentant ses distances et restant en réserve. Le commandant du régiment restait avec le bataillon de réserve, et avait toujours avec lui un officier d’artillerie en liaison. — Chaque bataillon avançait avec deux compagnies en ligne et deux en soutien ; chaque compagnie avançait avec deux pelotons (Zug) en ligne et un en soutien.

Dès que la zone des défenses organisée fut passée (et elle le fut par endroits dès le premier jour), l’ennemi concentra de nouveau ses troupes, et commença une série de fortes attaques locales sur des points choisis de la ligne, pour amener sur ces points des retraites locales. Il poussa alors son infanterie par les trous ainsi formés, de façonna élargir les brèches et à prendre à revers les parties restées intactes, lesquelles étaient alors attaquées à leur tour.

Il est certain que cette manœuvre demande un instrument tactique fonctionnant avec beaucoup de précision et de souplesse. Comme nous l’avons dit, l’infanterie était guidée vers les points qui avaient cédé par des fusées, et elle s’engouffrait alors dans le trou. Les prises à revers qui en résultaient pour les unités voisines expliquent le grand nombre des prisonniers.

Si ce trou n’avait pu être fait, si la ligne britannique avait tenu bon, il devenait impossible de manœuvrer. Les Allemands essayaient alors de rompre la ligne par le choc et la masse. C’est dans ce cas qu’ils ont attaqué en colonnes massives, capables de fournir de violons coups de bélier.

Une troupe qui avançait en terrain découvert se couvrait par une ligne de tirailleurs ; le gros suivait en petites colonnes, qui s’adaptaient étroitement à la forme du terrain. Les mitrailleuses légères étaient poussées en avant avec les tirailleurs. Elles tiraient constamment, même en marchant, et leur emploi intensif est caractéristique de la tactique ennemie dans cette bataille. — Les mitrailleuses lourdes suivaient avec les soutiens. — Il faut noter l’emploi du tir indirect des mitrailleuses, constituant ainsi de véritables barrages de balles : système dont les troupes britanniques se servaient d’ailleurs depuis 1947, et qui a été inauguré dans la guerre actuelle par les Canadiens. Il n’y a eu dans cette avance ni emploi de détachemens de grenadiers, ni emploi de grenades à fusil. Au contraire les mortiers de tranchées légers suivaient de très près