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hauteur importante de Sailly-Saillisel et la dépression de Combles. De là il poussait 3 000 cavaliers à l’Ouest, par la route où fut Guillemont, jusqu’au bois des Trônes.

Tandis que les corps se repliaient, le front de l’armée était couvert par la cavalerie, par l’artillerie à cheval, par les tanks, dont l’intervention dans ce cas reste assez discutée, enfin par des unités de fortune. La première division de cavalerie, qui était le 22 au Mesnil, à une lieue au Sud de Péronne, s’était portée le 23 vers sa gauche (Sud) pour disputer le passage de la Somme entre Pargny et Béthencourt. Mais le 24, elle fut rappelée au Nord, à Bray-sur-Somme, et, le 26, elle était engagée au Nord de la rivière, au bois de Bernafay. L’artillerie à cheval rendit dans cette retraite d’immenses services. Voici l’itinéraire de la première batterie, attachée à la première division de cavalerie. Dès le 21 mars, à deux heures de l’après-midi, elle avait été dirigée sur Barnes, derrière la 24e division d’infanterie, qui défendait le Verguier. En route, elle reçut l’ordre de se joindre à l’artillerie de cette division ; elle appuya alors sur sa droite, et entra en action près de Soyécourt. Le 22, après une belle défense de la position du Verguier, la 24e division dut se replier sur une seconde position, qu’on appelait la ligne verte, et qui faisait bretelle entre la Cologne au Nord et l’Omignon au Sud, à peu près à trois kilomètres derrière la première position, de Hamel à Ville-l’Evêque. La première batterie à cheval montée, après avoir vidé ses caissons sur l’ennemi, se retira derrière la ligne verte, entre Poeuilly et Vraignes. Vers le soir du 22, la ligne fut enlevée par l’ennemi. La première batterie resta néanmoins en position, à petite distance des Allemands, tirant pour permettre à l’artillerie divisionnaire de se dégager. Ayant accompli sa mission, elle se replia à son tour, et, vers huit heures et demie du soir, alla prendre position à deux lieues en arrière, vers Mons-en-Chaussée. Mais le lendemain 23, on s’aperçut qu’il existait un trou sur la droite entre la 24e division et la 61e. La batterie qui risquait d’être prise à revers reçut l’ordre de se retirer derrière la Somme, et d’aller interdire les passages en amont, entre Pargny et Béthencourt. Elle se mit donc en position près de Morchain, et tira toute la journée. L’ennemi réussit à passer dans la nuit du 23 au 24. Mais il lui fallait maintenant s’élever sur les crêtes qui sont à l’Ouest de la rivière. La batterie, qui s’était