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brouillard empêchait de rien distinguer. Les batteries tiraient sur des points indiqués, au petit bonheur. Cependant les Allemands, arrivés aux réseaux, n’avaient pas essayé de les rompre. Ils les traversèrent sur des ponts portatifs en trois pièces. L’infanterie surprise eut des unités tournées et prises à revers. Elle essaya d’annoncer l’ennemi à l’artillerie qui ne vit pas les signaux.

Toute la journée, les nouvelles contradictoires se succédèrent à Ham. On apprit la retraite du 3e corps sur la droite, du 19e corps sur la gauche. Sur le front même du corps, l’ennemi entra à six heures du soir à Contescourt, à sept heures à Grand-Serancourt. Cependant la situation ne paraissait pas telle que l’état-major dût quitter Ham. La gare et le carrefour de routes voisin avaient reçu dans la journée une douzaine d’obus. Ce n’est qu’à cinq heures du matin, le 22, que l’ordre fut donné d’évacuer la population civile. Le premier train partit à sept heures et demie du matin ; puis les trains se succédèrent. Enfin au début de l’après-midi, tandis que la 20e division était envoyée en ligne, l’état-major du corps quitta Ham, et se porta sur Nesle, où il arriva à six heures du soir. A minuit, l’ordre arriva de quitter Nesle et de se porter sur Roye. Le départ se fit dans la nuit. On arriva à Roye de très bonne heure, et on y resta jusqu’au 25.

Je n’ai pas de détails sur les itinéraires des autres corps. Au centre gauche, le quartier général du 19e corps, qui était au petit village de Catelet, à 5 kilomètres dans le Sud-Est de Péronne, repassa la Somme, et vint s’établir le 22 à Villers-Carbonnel. Le 23 au matin, il déménageait de nouveau, et reculait jusqu’à Foucaucourt, c’est-à-dire jusqu’aux anciennes lignes françaises de 1916. D’autre part, l’attaque allemande fui, dans la journée du 21, énergiquement contenue à la gauche de l’armée. La 9e division, une magnifique division d’Ecossais et de troupes d’Afrique méridionale, qui tenait à l’extrême gauche le secteur de Gouzeaucourt, garda tout son terrain, sauf 300 mètres dans un bois situé à sa droite. Le quartier général de la division ne quitta Nurlu que le 23.

D’après les rapports publiés, la rupture se fit le 21 sur la droite de l’armée. Des ordres furent envoyés à la gauche et au centre de suivre le mouvement. De même l’extrême droite, moins fortement pressée, ne se retira que par ordre. Le repli