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générale de l’offensive actuelle. Les divisions de choc étaient restées très longtemps en ligne et avaient marché sur une profondeur dépassant une centaine de kilomètres. On comptait à la fin de janvier appliquer la même méthode en France. Toutefois, on a dû changer d’avis par la suite. Nous verrons en effet qu’on a adopté une tactique tout à fait différente, en progressant par un jeu de divisions qui se doublaient réciproquement.

Le second point de l’instruction est particulièrement important. Il porte que, même dans le cas d’opérations de seconde grandeur, l’offensive doit toujours pénétrer en profondeur jusqu’à 8 kilomètres ou davantage, de façon à dépasser les positions de l’artillerie ennemie. Pour cela, il faut que le commandement fasse sentir son action non pas seulement au moment où l’action s’engage, mais pendant toute sa durée. Il y a là, au point de vue tactique, un point essentiel. Le succès, dit l’instruction, n’est pas du seulement à un bon engagement des troupes et à l’exécution méthodique de l’attaque, mais à une conduite habile du commandement supérieur et subalterne, pendant l’attaque, selon la situation tactique du moment.

« Notre attaque, dit encore le document, doit, de ce point de vue, différer essentiellement des attaques entreprises jusqu’ici par les armées britanniques. Les Britanniques se fiaient à l’efficacité de leur barrage d’artillerie, habilement exécuté, mais rigide. Ce barrage devait porter en avant l’infanterie qui avançait sans aucun élan propre. Les chefs subalternes et à plus forte raison les chefs supérieurs cessaient d’avoir aucune influence ultérieure. » La conséquence de cette rigidité dans le mécanisme a été que, dans les diverses offensives britanniques, les succès tactiques initiaux, qui ont été souvent considérables (le quartier général allemand le reconnaît), n’ont pas été utilement exploités. « Cette étroitesse d’esprit dans la façon de comprendre le commandement et de conduire la bataille mènerait à la défaite. Il faut tout au contraire, à partir du moment où le barrage est levé, laisser la plus complète indépendance aux commandans des bataillons et des compagnies. » — On remarquera qu’en paraissant faire le procès aux méthodes alliées de 1917, les Allemands le font à leurs propres méthodes de 1916, devant Verdun. Ou plutôt, ils rouvrent une éternelle question, celle de l’indépendance à laisser ou à retirer aux commandans des petites unités. En