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La scission entre la Dynamique et l’Énergétique se fait par la Thermo-dynamique, ou science de la chaleur, dont l’Énergétique procède directement et pour laquelle il semble même parfois qu’elle montre une déférence filiale un peu exagérée, tout en se l’incorporant. On sait que le travail des forces peut se transformer en chaleur et réciproquement ; qu’il existe ce qu’on appelle un équivalent mécanique de la chaleur. Les dynamistes voulaient en profiter pour introduire de force la thermo-dynamique dans la dynamique, en expliquant tous les phénomènes calorifiques, les élévations de température, les dilatations, les fusions, par des projections d’atomes plus ou moins accélérées, par des accroissemens de force vive. Il n’est pas certain que la tentative soit irréalisable, à la condition d’introduire suffisamment de forces cachées ; mais, jusqu’à présent, elle n’a pas roussi. En attendant, les énergétistes font l’inverse et considèrent la thermo-dynamique et la dynamique comme deux cas particuliers de l’énergétique. Ils s’appuient pour cela sur deux objections fondamentales, auxquelles s’exposent leurs adversaires.

La première provient du principe essentiel dû à Carnot, principe résultant directement de l’observation et pourtant inexplicable en mécanique classique, d’après lequel la production, d’un travail est toujours nécessairement accompagnée par le passage de calorique d’un corps où la température est plus élevée à un autre où la température est plus basse, par une chute de chaleur analogue à celle d’un courant d’eau, par une dégradation de l’énergie, tandis que nous ne connaissons aucun moyen de réaliser, sans dépense de travail extérieur, la remontée inverse. Plus généralement, — et c’est le second point contraire à la dynamique ancienne, — il n’y a pas, en thermodynamique, de cycle rigoureusement fermé, revenant réellement à son point de départ.

De tels cycles n’existent que dans notre imagination, par une conception de notre esprit et à la condition de donner ce coup de pouce à l’expérience qui rend vaine et spécieuse toute théorie. À chaque instant, une certaine quantité de l’énergie primitivement utilisable se perd pour nous par des frottemens, des résistances, des déformations permanentes, des hérédités de la matière. La pratique ne semble donc pas confirmer ce qui fut le dogme d’un demi-siècle, l’éternité nécessaire de la force vive. Un système isolé ne tourne pas en rond sans gain ni