Page:Revue des Deux Mondes - 1918 - tome 45.djvu/312

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

nom ». Puis l’abbé Simonis prend soin d’expliquer pourquoi quelques-uns de ses collègues et lui croient devoir demeurer au Reichstag : « Comptez que les Prussiens auront maintes occasions d’entendre les protestations des Alsaciens-Lorrains. Nous sommes tous d’accord ; nous tenons à maintenir le champ de bataille[1]. »

Autour de lui, le malheureux évêque ne trouvait que désapprobation, vide, silence. Avec ses collègues, tout lien de sympathie, de pensée commune était rompu. L’un des députés, l’abbé Guerber, au nom de tous ses collègues catholiques, adressa, le 21 février, aux journaux, une note collective, relatant, les faits avec exactitude et appréciant avec une ferme sévérité la conduite inattendue de l’évêque : « Monseigneur l’évêque de Strasbourg, dit-il, ne devait point prendre la parole, A l’insu de tous ses collègues, cédant à l’impression du moment, en présence de l’exaspération du Reichstag, il crut devoir déclarer qu’il n’entendait pas mettre en question le traité de Francfort. Il échappa à Sa Grandeur de dire qu’elle parlait au nom des catholiques… Le lendemain, au début de la séance, M. Pougnet déclara, au nom de tous ses collègues catholiques d’Alsace-Lorraine, que Mgr Raess n’avait parlé qu’en son nom[2]. »

Après ce désaveu collectif, pleuvaient les lettres de désapprobation individuelles : entre autres, l’abbé Sœhnlin, député de Colmar, écrivait de Neuf-Brisach, à un ami, le 26 février : «… Je dois vous redire que nous n’avons pas attendu les nouvelles d’Alsace pour déclarer que nous n’acceptons en aucune manière la teneur des déclarations de Monseigneur… Je ne puis que vous confirmer que les paroles de Mgr l’évêque de Strasbourg sont un acte absolument isolé qui n’a jamais pu et ne pourra jamais engager la responsabilité d’aucun de ses collègues[3]. »

Enfin le député catholique de Château-Salins et Sarrebourg, M. Ch. Germain, adressait au Moniteur universel, dont le correspondant avait avancé que M. Teutsch « n’avait pas communiqué d’avance aux deux évêques le texte de son discours, »

  1. Lettre reproduite par le Moniteur universel, 26 février ; le Temps, même date et tous les journaux.
  2. Le Monde, 23-24 février ; le Temps, 23 février.
  3. Id. ibid. 2 et 3 mars.