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LA PROTESTATION
DE
L’ALSACE-LORRAINE
EN 1874

II[1]

Inscrit pour parler après M. Teutsch, l’abbé Winterer s’apprêtait à le remplacer à la tribune, quand, d’un geste, le président l’arrêta soudain : « J’ouvre, dit-il, la discussion au sujet de la proposition déposée. La parole est à M. le député Dr Raess. » Le député Dr Raess n’était autre que l’évêque de Strasbourg.

À ce nom, grand fut l’étonnement de tous les Alsaciens et Lorrains. Dans les arrangemens formellement conclus entre eux à Francfort, puis renouvelés à Berlin, aucune intervention n’avait, en dernier lieu, été prévue de sa part. Déjà d’ailleurs, au début de la séance, ils avaient été un peu intrigués par un conciliabule secret de l’évêque avec le président, puis, au moment où le discours de M. Teutsch tirait à sa fin, par l’envoi d’un mystérieux billet du président.

« Que veut dire ceci ? » demandait l’abbé Winterer à ses collègues en regagnant sa place.

Déjà, Mgr Raess était à la tribune : « Messieurs, — disait-il, d’une voix sourde et presque inintelligible, — pour éviter tout

  1. Voyez la Revue du 1er mai.